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Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 17.djvu/832

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LE
ROMAN DE MOEURS
EN ANGLETERRE

Daniel Deronda, by George Eliot, 8 vol. ; Blackwood, Edinburgh and London.

Parmi les souvenirs familiers de Mme Field[1] se trouve le récit d’une visite à Mme Lewes, si connue dans la littérature anglaise contemporaine sous le pseudonyme de George Eliot. Pour la première fois nous avons pu jeter un coup d’œil dans l’intérieur calme et recueilli d’un écrivain qui, plus qu’aucun autre peut-être, a craint d’attirer l’attention sur sa personne et s’est soustrait au bruit d’une vaine popularité. Guidés par la voyageuse américaine, nous avons entrevu, sur la lisière d’un de ces rians et silencieux faubourgs de Londres qui ont déjà le charme paisible de la campagne et où chaque maison s’entoure de pelouses veloutées, de massifs de verdure, la demeure à la fois modeste et poétique de l’auteur d’Adam Bede, avec ses tentures blanches, son luxe de fleurs, ses recherches de simplicité raffinée qui donnent au premier aspect l’idée d’une existence placide et doucement austère. L’humeur, la figure même de la maîtresse du lieu, s’harmonisent en effet avec le cadre qu’elle s’est choisi. Chez elle, aucune trace de manière ni d’affectation, aucun désir de briller ; en revanche, la préoccupation évidente des grandes responsabilités qui pèsent sur tout écrivain. Une sorte de rayonnement intellectuel illumine cette tête, dont le

  1. Voyez la Revue du 1er juin 1876.