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ainsi que divers extraits du registre des délibérations de plusieurs chambres de commerce ; ces documens, émaillés de chiffres et de tableaux, nous permettront de donner une idée de la situation véritable dans laquelle se trouve notre marine marchande, et de ce qu’exigent nos armateurs pour relever leurs pavillons.

C’est depuis 1866 que la France, qui occupait à cette époque le troisième rang dans la statistique générale des bâtimens voiliers, est descendue au sixième, comme le montre le tableau suivant :


Pavillons (1875) Navires à voiles - Nombre — Tonnage Navires à vapeur - Nombre — Tonnage Total - Nombre — Tonnage
Anglais 19,700 5,543,567 3,152 2,088,026 22,861 7,631,593
Américain 7,312 2,387,876 578 493,097 7,890 2,880,973
Norvégien 4,718 1,360,663 117 34,598 4,835 1,395,261
Italien 4,469 1,222,382 111 61,630 4,580 1,284,012
Allemand 3,477 853,290 232 198,911 3,709 1,052,201
Français 3,877 751,854 301 202,109 4,178 953,963
Espagnol 2,888 551,201 216 103,627 3,104 654,828

De 1872 à 1875 seulement, notre marine à voiles a perdu 151,000 tonneaux (17 pour 100), tandis que la Norvège et l’Italie augmentaient leur tonnage de 27 et de 15 pour 100[1]. Dans le tonnage général en 1875, notre marine à vapeur figure au troisième rang. Que l’on se garde bien d’en tirer une conclusion qui console de l’infériorité de notre marine à voiles ! Sur le chiffre de 202,109 tonneaux qui représente la marine à vapeur française, 129,376 sont subventionnés. Pour qu’ils existent, il faut que la France accorde à diverses compagnies un secours annuel de 25 millions de francs. Reste donc 72,723 tonneaux non-subventionnés ; mais dans ce dernier chiffre figurent 18,347 tonneaux composés de bateaux remorqueurs, de chaloupes à vapeur, d’embarcations faisant le service des rades et des ports, ce qui réduit à 54,386 tonneaux l’effectif réel de la marine à vapeur française, effectif qui se soutient sans privilège et sans subvention de l’état.

Un reproche qui a été souvent adressé à nos armateurs est celui de n’avoir pas transformé entièrement leur marine à voiles en marine à vapeur. Ils auraient dû, dit-on de tous côtés, activer d’autant plus ce changement qu’en 1874 M. Dupuy de Lôme disait ceci dans son rapport de la commission d’enquête : « Presque chaque

  1. Tonnage des navires à voiles :
    1872 1875
    Angleterre 5,468,000 tonneaux 5,543,000 tonneaux
    États-Unis 2,279,000 — 2,387,000 —
    Norvège 1,072,000 — 1,360,000 —
    Italie 1,058,000 — 1,222,000 —
    Allemagne 915,000 — 853,000 —
    France 902,000 — 751,000 —