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adoptées. A l’ouverture de ce débat, et devant l’assemblée réunie, il veut déclarer de nouveau qu’il accepte sans réserve les résolutions que la commission a proposées, et qu’il les votera. »


C’était donc sans réserve aucune que M. Thiers, chef du pouvoir exécutif, et son gouvernement, acceptaient l’œuvre de la commission. Comment M. Thiers, qui en 1831 avait lutté avec tant d’éloquence et d’énergie en faveur de l’hérédité de la pairie, comment M. Dufaure, qui avait été ministre sous la monarchie de juillet, auraient-ils pu entendre la dualité du pouvoir législatif autrement que ne l’avait fait la charte de 1830? Comment auraient-ils pu accepter que le contrôle d’une seconde chambre, jugé par eux nécessaire pour remédier aux écarts et aux entraînemens de la passion politique, ne s’étendît pas à une matière aussi grave et aussi importante que la disposition de la fortune publique? Le gouvernement de M. Thiers ne s’en tint pas à cette adhésion. Bien qu’il eût exprimé le désir de ne pas intervenir dans une discussion où il pouvait être considéré une partie intéressée, il fut mis en demeure de s’expliquer avec tant d’insistance que M. Dufaure fut contraint de monter à la tribune. La question qui préoccupait les orateurs était de savoir jusqu’à quel point l’organisation provisoire qui allait sortir du projet de loi préjugeait la forme définitive qui serait donnée au gouvernement. Cette organisation était-elle un acheminement vers la monarchie ou vers la république, ou laissait-elle intacte la question de la forme du gouvernement ? En soutenant cette dernière thèse, M. Dufaure fut amené à se prononcer sur la création d’une seconde chambre, déclarée indispensable par la commission. Il le lit en ces termes :


« Et quant à la deuxième chambre ; est-ce donc une institution ou monarchique ou républicaine que la deuxième chambre ? Étant donné un gouvernement qui doit vivre, qui veut vivre, qui doit grandir s’il veut vivre, qui doit se fortifier pour continuer, est-il inutile de créer une seconde chambre ?.. Quant à présent, je le déclare à mes honorables collègues, dire, dans une résolution de l’assemblée, qu’il y aura une seconde chambre, ce n’est annoncer ni une institution monarchique, ni une institution républicaine ; c’est promettre que l’assemblée des représentans sera fortifiée par le concours éclairé d’une seconde chambre législative ; rien de plus. (Nouveaux applaudissemens. — Mouvement prolongé.) Voilà tout ce que nous vous demandons par les résolutions que la commission vous propose et auxquelles nous adhérons.

« Nous vous demandons expressément de donner, — non pas pour vous, puisque la seconde chambre n’entrera en exercice qu’après que vous serez dissous, — de donner à vos successeurs, non pas un embarras, mais une force, non pas un contrôle fâcheux, mais un contrôle salutaire, et,