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L’ENFANCE À PARIS

II.[1]
LES MALADES.

L’abandon est un péril qui menace surtout l’enfant au lendemain de sa naissance ; le vagabondage, la mendicité, le vol, sont des tentations qui l’attendent au seuil de la jeunesse ; la maladie et les infirmités sont au contraire pour lui une misère de tous les âges, de laquelle il n’est jamais à l’abri. Le moment est donc venu de traiter ce douloureux sujet. Le problème de la souffrance est un de ceux qui troublent le plus volontiers notre raison ; mais ce problème revêt un caractère plus aigu lorsqu’il est soulevé devant notre conscience et en quelque sorte devant nos yeux par le spectacle de maux en apparence inutiles, infligés à des êtres presque inconsciens. Aussi nul sujet n’a-t-il inspiré à l’éloquence humaine des plaintes aussi amères, et depuis qu’en des vers altiers Lucrèce demandait compte à cette Providence dont il niait pourtant l’existence, de tant de souffrances inévitables et de tant de morts prématurées :

Cur anni tempora morbos Adportant, quare mors immatura vagatur,

l’humanité n’a guère obtenu d’autre réponse que le silence du philosophe et le trouble du chrétien. Plutôt que de creuser ce problème redoutable et sans fond, cherchons quels remèdes et quels adoucissemens la charité publique ou privée apporte aux maladies et aux infirmités de l’enfance. Nous allons nous trouver, à

  1. Voyez la Revue du 1er octobre.