semblant, le drôle ! On appelle ça la comédie. Encore un autre métier tout nouveau encore, celui des employés chez le cheval de fer qui galope de Lemberg à Czernowitz ! On parle même à Barnow de charges impériales toutes nouvelles, par exemple celle de ce monsieur au claquet,.. oh ! c’est merveilleux ! merveilleux ! Il s’asseoit à une table, et sur cette table il y a un petit morceau de laiton ; ce monsieur y met le doigt, fait tout doucement : tuk ! tuk ! tuk ! et on l’entend, on le comprend partout. Savez-vous que, s’il n’avait pas l’aigle impériale au-dessus de sa porte et le bonnet de service sur la tête, je croirais que, hum ! que c’est lui qui l’aide, car, même en se tenant tout près de sa chaise, on ne saisit qu’un petit bruit, et pourtant il se fait entendre jusqu’à. Lemberg. Hum !..
— Mais cela se-fait tout simplement au moyen de fils métalliques…
— Allons ! allons ! interrompit Ivon avec une indignation conter nue, allons ! Je ne suis qu’un paysan, mais je ne laisse personne se moquer de moi. Le monsieur au claquet n’a rien à faire du tout avec les fils. Ces fils-là ne sont que pour l’empereur et ses clercs, qui font arrêter par ce moyen les criminels ; mais, le premier venu peut mettre le claquet en branle pourvu qu’il paie. Ainsi à la foire de l’automne dernier, étant gris, j’ai eu l’idée de faire souhaiter le bonsoir à mon frère de Kolomea. Et j’ai vu en cette circonstance qu’il faut une grande honnêteté pour le métier de claqueur, car . en somme, s’il lui avait plu de dire à mon frère : « Va au diable, » je n’aurais toujours entendu que tuk ! tuk ! tuk ! et je n’y aurais rien pu. La plus grande honnêteté est donc nécessaire pour exercer ce métier-là. Mais le vôtre, je le comprends. Oh ! je le comprends très bien ! Vous vous promenez, et puis vous écrivez ce que vous avez vu, et alors tous ces Allemands, les officiers eux-mêmes, viennent, mettent leurs yeux de verre et vous lisent dans le journal : — Celui-ci a dit telle chose et celui-là telle autre, et voilà ce qu’a dit, hé ! hé ! un vieillard d’expérience, Ivon Megega, un juge, un brave homme, oui, voilà ce qu’il a dit, hé ! hé !
Ce fut la première attaque que me fit Ivon, et la finesse était assez grosse pour crever les yeux ; cependant elle passa inaperçue. Notre entretien roula sur d’autres choses, la moisson, l’assemblée des états à Lemberg, la femme du pope, sa jeune fille, le principe constitutionnel, que sais-je ? Ivon racontait avec volubilité, entremêlant ; sans scrupule la vérité et le mensonge, mais il était facile de distinguer l’une de l’autre, car le bonhomme avait une qualité très précieuse : aussitôt qu’il lui échappait une hâblerie, il regardait dans son verre ; disait-il vrai, au contraire, il levait franchement les yeux. J’ai tiré de lui bien des histoires extraordinaires, mais