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Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 18.djvu/865

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relevés pour favoriser l’industrie nationale. Les plus lourds sont les droits sur les articles manufacturés, et en particulier sur les machines, les wagons, les rails de chemins e e fer, sur les tissus de tout genre : laine, coton, toile, soie, sur les produits chimiques enfin. Les denrées alimentaires, qui paient aussi leur tribut à la douane, sont plutôt frappées de droits fiscaux et ont plus souvent dans ces derniers temps bénéficié de réductions. Le trésor pourrait de ce côté voir augmenter ses recettes, tout en mettant à la portée d’un plus grand nombre des aliments utiles à la santé publique. Le via, le thé, le café, par exemple, le premier surtout, pourraient être utilement dégrevés au double profit de la consommation et du fisc. Chaque bouteille de vin de champagne paie, je crois, un rouble, et il en entre dans l’empire de 1,100,000 à 1,200,000 par an, soit une recette de plus de 4 millions. C’est là un bel et bon revenu, mais les vins communs les plus utiles à la consommation sont encore frappés d’impôts que se peuvent guère supporter que les vins de luxe. Il y aurait intérêt pour la Russie à imiter à cet égard la conduite de l’Angleterre. Les réductions faites ont déjà donné à la douane de notables plus-values, spécialement sur le thé, les vins et les huiles d’olives. Ce serait bien autre chose, si les dégrèvemens s’appliquaient aux articles fabriqués en même temps qu’aux objets de consommation, si le pays se décidait à sortir de l’ornière protectioniste ; mais cela ne saurait être espéré. La Russie est pour longtemps encore vouée aux préjugés économiques ; des sociétés privées et une partie de la presse réclament journellement une augmentation des tarifs. La politique commerciale des États-Unis d’Amérique, dont les résultats sont cependant si contestables, sert de modèle ou d’exemple à la Russie. Elle aussi veut se passer de l’étranger, et avant même d’avoir pu mettre en valeur tout le sol national, prétend rivaliser avec l’industrie des vieilles contrées de l’occident. C’est là certainement une des principales raisons du lent développement de ses admirables richesses naturelles.

La somme totale des impôts directs et indirects est évaluée, pour le budget de 1876, à 431 millions de roubles. Des recettes d’origine diverse viennent y ajouter encore plus de 100 millions. Ce sont d’abord les postes et les télégraphes, que la nomenclature russe réunit aux mines et au monnayage sous la dénomination commune de droits régaliens. Les mines et la monnaie, le premier article comprenant un impôt sur les mines de métaux précieux appartenant aux particuliers, donnent ensemble un revenu annuel de à ou 7 millions de roubles. Les postes fournissent 10 millions, les télégraphes près de 5. La progression de ces deux chapitres a été continue, en dépit ou peut-être à cause des réductions de taxes.