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disposées comme les barbes d’une plume le long d’un pétiole commun. Dès que le pétiole secondaire d’une jeune foliole touche un corps quelconque, il s’infléchit, se courbe et embrasse ce corps en le contournant, à moins que son diamètre ne soit trop fort pour qu’il puisse le faire. Ce pétiole forme donc un crochet à l’aide duquel la tige est suspendue et fixée. L’expérience réussit très bien, si l’on place au contact d’une jeune feuille une branche mince, une feuille, une paille, un brin d’herbe, une ficelle, etc. Il suffit même de suspendre au pétiole une anse de fil pour qu’il la contourne et l’embrasse. Le poids le plus léger détermine ce mouvement ; ainsi une anse de fil pesant 4 milligrammes produit cet effet non pas instantanément, mais au bout d’un temps variable d’une ou de plusieurs heures. L’incurvation du pétiole de la foliole est suivie d’une modification dans la force et la texture de ce pétiole, qui assure définitivement la suspension de la tige : en effet, ce pétiole grossit, les faisceaux fibreux qui entrent dans sa composition se multiplient, forment un cercle complet, et la structure du pétiole devient analogue à celle de la tige qu’elle soutient. On peut facilement observer ces faits sur la morelle à fleurs de jasmin et sur les clématites.

Les plantes munies de vrilles forment la troisième catégorie des plantes grimpantes. Ces vrilles sont des feuilles ou des pédoncules de fleurs modifiés. Les feuilles, au lieu de s’épanouir en un limbe aplati, sont réduites à leur nervure centrale, qui acquiert alors la propriété de s’enrouler autour des corps minces avec lesquels elle se trouve en contact, — exemples : le pois commun, le Cobœa scandens, les Bignonia, etc. Les végétaux dans lesquels les pédoncules de la fleur se transforment en vrilles sont la vigne cultivée, les vignes vierges (Cissus et Ampelopsis), les passiflores, etc. La nature morphologique des vrilles des cucurbitacées (courges, melons, bryone) n’est pas encore bien éclaircie. Quelle que soit la nature de ces vrilles, qu’elles soient des pédoncules de fleurs ou des pétioles de feuilles, leur mode d’action est le même : elles s’accrochent aux branches qu’elles touchent, s’enroulent en spirale autour d’elles et permettent à la plante de s’élever au-dessus du sol au lieu de rester couchée à sa surface : le Cobœa, si communément cultivé dans les jardins, est une des plantes les mieux douées sous ce rapport. Ses vrilles sont terminées par de petits crochets rigides qui s’accrochent aux moindres aspérités, et les vrilles finissent par s’entortiller autour de la branche qu’elles ont saisie de façon à fixer solidement la plante. Les vrilles ont la même sensibilité que les pétioles des feuilles dans les plantes qui grimpent à l’aide de ces organes : le simple contact, un léger frottement, suffisent pour déterminer l’incurvation de la vrille ; la partie moyenne libre et non adhérente se contourne souvent en hélice, comme un tire-bouchon, et établit ainsi un lien élastique qui cède et ne rompt pas. On peut voir dans les haies la bryone fixée aux arbustes voisins par ses vrilles enroulées sur elles-mêmes en forme de tire-bouchon.