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Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 19.djvu/434

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LES
ÉTUDES HISTORIQUES EN FRANCE
DEPUIS LA GUERRE

Les trahisons de la fortune sont un aiguillon qui nous fait avancer plus vite dans les voies du progrès, où nous nous attardons volontiers aux jours calmes de la prospérité. Nous nous sommes parfois laissé distancer, mais, comme les vainqueurs des courses antiques, nous avons toujours regagné le terrain perdu, car chez aucun autre peuple la réaction n’est plus prompte, la vitalité plus puissante. Aujourd’hui c’est notre honneur et notre force d’avoir tiré de nos désastres cette grande leçon que, pour garder son rang, il faut apprendre et toujours apprendre. Cette vérité, reconnue de tous, porte ses fruits. La France, malgré cette halte fatale qu’elle a faite dans le sang et les ruines, donne depuis six ans des preuves d’une activité vraiment prodigieuse dans toutes les branches des connaissances humaines, dans la science de la guerre et les arts de la paix. Les dernières lueurs des incendies de la commune s’éteignaient à peine qu’elle retournait avec une ardeur nouvelle à ses labeurs quotidiens. Cette ardeur est constatée par des chiffres irrécusables. Le Journal de la Librairie, qui enregistre semaine par semaine les ouvrages de toute nature sortis des presses françaises, nous donne en effet 7,445 publications pour 1871; — pour 1873, il en donne 11,550, et la marche ascendante suivie par la production intellectuelle est si rapide qu’en 1875 elle s’est élevée à 14,195 livres ou brochures. Sur ce nombre, où ne sont point compris les périodiques, qui atteignent le chiffre de 4,000 environ, il ne faut compter que pour mémoire les mois de Marie, les manuels du Sacré-Cœur, les apparitions de la Vierge et autres plaquettes mystiques du même genre qui n’ont rien à démêler avec la science, la littérature et le