Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 19.djvu/436

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jusqu’à la fin du XVIe siècle; le musée sigillographique des Archives a reçu de nouvelles pièces, ce qui porte la collection à 50,000 articles. En ce moment même, sur la proposition de M. de Chennevières, directeur des beaux-arts, on procède au récolement des richesses archéologiques dispersées dans nos provinces. Les Inventaires sommaires des archives départementales, commencés pendant l’empire sur un plan défectueux, se poursuivent en s’améliorant et fournissent d’innombrables indications[1]. Les Inventaires des archives hospitalières se complètent par de nouveaux fascicules; au train dont ils marchent, nous aurons bientôt tous les élémens d’une histoire de la charité chrétienne en France, sans compter les documens qu’on trouve dans tous les dossiers sans exception, pour l’étude des mœurs, des fortunes privées, mobilières et immobilières, de la distribution de la propriété territoriale entre les diverses classes, et des charges féodales ou ecclésiastiques dont elle était grevée[2].

On s’est plaint longtemps et avec raison que les richesses accumulées dans les dépôts publics de Paris échappaient, faute d’inventaires et de catalogues, aux investigations des travailleurs : on n’aura plus à se plaindre désormais. M. Léopold Delisle, administrateur général de la Bibliothèque nationale, a imprimé à tous les services la plus vive impulsion. Les 100,270 pièces de l’ancienne chambre des comptes, les papiers de D’Hozier, immense répertoire de toutes les familles nobles de France et de celles qui se croient nobles, les 2,600 volumes des procureurs-généraux du parlement, MM. Joly de Fleury, qui renferment sur le XVIIIe siècle un incomparable recueil de pièces officielles, y compris les factures que le bourreau de Paris présentait à MM. les conseillers de la Tournelle quand il avait rompu, tenaillé, pendu, ou fait repasser son coutelas ébréché sur la tête du comte de Horn ou du comte de Lally, bien d’autres documens curieux, presque inaccessibles jusqu’ici, ont été depuis

  1. Les derniers parus et les plus dignes d’éloges sont ceux de la Côte-d’Or par M. Garnier, des Basses-Pyrénées par M. Paul Raymond, de la Seine-Inférieure par M. de Beaurepaire.
  2. On se fait en général des idées très fausses sur la division de la propriété foncière au moyen âge et dans les derniers temps de l’ancien régime : elle était relativement très morcelée dès le XIIIe siècle. L’affranchissement des communes, les croisades et l’ordonnance de saint Louis qui autorisait les roturiers à acquérir des fiefs avaient favorisé ce morcellement par diverses raisons qu’il serait trop long d’exposer ici. Nous avons fait le travail pour une certaine circonscription de la France du nord, et nous sommes arrivé à cette confusion, qu’étant donnée par exemple une paroisse qui comprenait dans son territoire 600 hectares, 200 étaient possédés par trois ou quatre églises ou abbayes, 200 par six ou huit familles nobles ou de riches familles bourgeoises, et le dernier tiers par 100 ou 150 petits propriétaires. La proportion entre les grands et les petits propriétaires est encore sur bien des points la même aujourd’hui.