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de sévérité progressive serait plus efficace pour faire travailler les étudians que tous ceux dont on a essayé jusqu’à présent[1]. » Nous voudrions qu’une limitation de ce genre fût introduite dans le règlement de tous nos examens, même pour les écoles spéciales, et qu’elle remplaçât la règle de la limite d’âge.

Quand on lit les ouvrages étrangers qui traitent de l’organisation des universités, on éprouve un sentiment de surprise, et on se sent comme transporté dans un monde différent, en voyant que parmi les accessoires ordinaires de l’université sont mentionnés soigneusement un ou plusieurs manèges, un tir, des salles de gymnastique, des salles d’armes, une école de natation, un jeu de paume. C’est parce qu’elles n’ont dédaigné aucun de leurs devoirs que ces corporations ont survécu à tous les changemens et gardé leur influence. Tout le monde sait quelle place les universités d’Oxford et de Cambridge laissent aux exercices physiques : la moitié de l’éducation anglaise, et non la moins bonne, se donne dans le canot ou sur la prairie; là le jeune Anglais aguerrit son corps, forme son caractère, exerce sa volonté. Telle était aussi autrefois notre éducation en France. Ces noms du jeu de paume et du mail, qui dans la plupart de nos villes restent attachés à des rues où à des promenades, sont comme un reproche à la génération nouvelle, oublieuse de ces nobles et utiles récréations. Heureusement le volontariat d’un an est venu rappeler ces devoirs à la jeunesse ! La législation militaire prussienne, en général si rigide, fournit aux étudians des facilités spéciales pour remplir leurs obligations envers l’état. Elle leur laisse, entre dix-sept et vingt-trois ans, le droit de choisir l’année qui leur paraît la moins incommode; dans les villes d’université sont placés en garnison des régimens où ils peuvent entrer, et par faveur particulière ces régimens ont la permission de dépasser la limite maxima de volontaires indiquée dans les règlemens.


IV.

Un jour que j’exposais à un professeur de mes amis, homme au langage un peu vif, cette organisation des maîtres de conférence et des docteurs libres : « A quoi bon? » me dit-il en m’interrompant brusquement. Et comme je le priais de s’expliquer, il reprit ; « A quoi bon des chevaux de renfort pour tirer une voiture vide? » — C’est l’objection que pour deux de nos facultés, les sciences et les lettres, on trouvera chez tous les hommes au courant de la matière.

  1. Réforme et liberté de l’enseignement supérieur et en particulier de l’enseignement du droit, par M. Ernest Dubois, professeur à la faculté de droit de Nancy (1871).