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Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 20.djvu/384

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LE FASTE FUNERAIRE
ET
SON DEVELOPPEMENT HISTORIQUE

I.
LES TEMPS ANTIQUES

Il n’est pas de jour qui ne ramène notre attention sur les monumens funéraires par les découvertes archéologiques faites sur tous les points à la fois. Ces découvertes ont le mérite à nos yeux de ne pas intéresser la seule érudition : elles touchent à l’histoire, à celle des idées comme à celle des faits. Elles sont souvent la seule lumière qui nous reste sur des époques disparues sans laisser d’autres traces que les débris qu’on trouve enfouis dans les tombeaux, et plus d’une fois, pour les sociétés même les mieux connues, elles éclairent d’une manière imprévue des points restés obscurs qui touchent à l’art, aux mœurs, ou aux institutions. La religion surtout, ce fond de toutes les civilisations, n’a guère eu de meilleures archives.

Cet intérêt s’est porté aussi sur les monumens funéraires de la France, et il a contribué à lui donner une plus vive intelligence de son passé en mettant en jeu le sentiment national, longtemps confondu avec le culte monarchique. C’est ce culte qui semble avoir été l’âme des travaux de nos savans bénédictins et des laïques érudits qui jusqu’en 1789 ont coopéré aux mêmes recherches patientes sur les sépultures et particulièrement sur celles de nos rois. La masse partageait alors cette pieuse curiosité pour toutes les reliques royales. Plus tard une haine aveugle et violente devait succéder,