géographie de Paris. En 1866, M. Bonnat faisait partie d’une expédition placée sous le commandement du capitaine Charles Girard, qui avait résolu de remonter le Niger. M. Girard ayant renoncé à l’entreprise, M. Bonnat pénétra seul dans l’intérieur de la Guinée, et fit des affaires très lucratives. Le village où il habitait fut attaqué et pris par les Achantis. Conduit à Coumassie, dans la capitale, il fut d’abord traité très durement ainsi que deux compagnons de captivité, un Allemand et sa femme. Bientôt le roi le prit en affection et lui accorda sa faveur. M. Bonnat resta là cinq ans, comblé de bienfaits. Sa demeure fut reconnue comme un lieu de refuge inviolable. Il apprit la langue des indigènes et constata qu’ils faisaient un commerce important avec une grande ville de l’intérieur, Salaga, qui reçoit des objets du Sahara et même de la Tunisie. Quand les Anglais firent la guerre aux Achantis, le roi résolut de le mettre à mort. Il fut attaché à un arbre et allait être décapité lorsque heureusement les marins entrèrent dans Coumassie. En 1874, il repartit pour l’Afrique afin de s’établir dans cette ville de Salaga, dont il avait entendu dire des merveilles. Il parvint à remonter la rivière le Volta, malgré ses rapides, et à vaincre les résistances des chefs indigènes; il a ouvert ainsi une voie nouvelle au commerce. Il est le premier Européen qui soit arrivé à Salaga, ville de plus de 40,000 habitans, située dans la haute Guinée, en arrière du Dahomey et des Achantis. Il y a fondé un comptoir et réalisé des bénéfices considérables. Il y achète l’ivoire à 1 fr. 20 le kilogramme, et vend 730 fr. la tonne le sel, qui s’obtient en Europe à 50 fr. La poudre d’or, qui a donné son nom à la Côte-d’Or, y abonde dans le sable des rivières. M. Bonnat est revenu en Europe pour en rapporter des moyens d’exploitation perfectionnés; il repart dans peu de jours avec M. George Bazin, le fils de l’inventeur de la drague si ingénieuse dont on s’est servi pour retirer l’argent du fameux galion espagnol coulé dans la baie de Vigo. M. Bonnat n’a jamais été malade là-bas, parce qu’il s’est nourri comme les indigènes, et pourtant le climat de la Guinée est plus malsain que celui de la région des grands lacs.
Le fléau de l’Afrique, c’est le commerce des esclaves. Pour s’en procurer, on organise de véritables chasses à l’homme. Les trafiquans arabes vers la côte de l’Océan indien, les métis portugais du côté de l’Océan-Atlantique, exécutent ces chasses avec le concours des chefs indigènes. Ceux-ci, pour se procurer des colonnades, des verroteries ou des armes, livrent leurs propres sujets ou assaillent les tribus voisines. Il en résulte des guerres d’extermination. Les chasseurs d’hommes attaquent subitement un village, tuent ceux qui résistent et s’emparent de tous ceux qui n’ont pas fui, hommes, femmes et enfans. Une partie de ces captifs sont dirigés vers la