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comme économie, il y gagnerait celle des dépenses inscrites au budget pour le service colonial ; mais il ne s’agit pas de cela. Ce qu’il faudrait, c’est que les colonies, si elles ne rapportent pas beaucoup, ne coûtassent pas cher, et principalement que leurs dépenses ne fussent pas annexées à celles du service de la marine, qu’elles surchargent. Or, s’il est un service qu’il serait au contraire de leur intérêt d’alléger, c’est celui-là, car c’est celui qui a mission de les protéger et qu’il est important pour elles de ne pas affaiblir. On dit : Les dépenses coloniales inscrites au budget de la marine sont des dépenses de souveraineté. Qu’est-ce qu’une souveraineté qui n’imposerait que des charges sans compensation? Simple affaire d’amour-propre. Nous reconnaissons que cette question doit être envisagée à un point de vue plus élevé, c’est-à-dire au point de vue de la fraternité et du patriotisme. La France doit défendre son territoire colonial comme ses limites continentales, indépendamment de toute question d’utilité, et par le fait seul que ce territoire est français. En cas de guerre étrangère, il est évident qu’elle doit pourvoir dans la limite de ses moyens au salut de tous les citoyens, créoles ou habitans de la métropole; elle doit aussi prendre à ses frais les mesures de prévoyance qui consistent dans l’armement et l’occupation des postes fortifiés. Mais faut-il que le budget de la marine supporte ces dépenses? faut-il que la métropole fasse celles des institutions judiciaires? Le service central des colonies en France doit-il rester également à l’état de parasite de la marine? Les services judiciaires, s’ils continuent à figurer comme dépense de souveraineté sur le budget général de France, ne seraient-ils pas mieux placés dans les crédits ouverts au garde des sceaux? L’entretien et la solde des troupes de terre ne seraient-ils pas mieux placés au budget de la guerre? Les crédits alloués pour l’entretien des établissemens pénitentiaires ne seraient-ils pas plus naturellement inscrits au budget du ministère de la justice ou de l’intérieur? Enfin, si, ce qui est probable, chaque ministre repousse des charges dont son budget spécial a été exonéré jusqu’à présent, n’est-il pas possible de réorganiser un ministère des colonies, tel qu’il fut un instant constitué par boutade, pour être immédiatement détruit par caprice? Il ne nous appartient pas de faire œuvre de gouvernement, tout au plus peut-on se permettre d’indiquer des combinaisons administratives dont la réalisation peut présenter des difficultés qui nous échappent. Il convient, dans un travail tel que le nôtre, de se borner à renonciation d’une idée générale, qui d’ailleurs a déjà été émise en plein parlement. On l’a tout d’abord repoussée avec une fougue intertropicale. En général, nous le répétons, il serait bon qu’on n’abusât pas de ce système de discussion, qui consiste à objecter toujours