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RVUE DES DEUX MONDES.

californiens, deux esquisses de Bret-Harte intitulées l’Idylle du Val-Rouge et l’Enfant prodigue de M. Thompson. Ces deux nouvelles, cousues ensemble, ont fourni la trame d’une comédie de mœurs qui a pour titre : deux hommes de Sandy-Bar. Les deux héros du drame sont le bon Sandy, le vaurien généreux, l’humble adorateur de la jeune maîtresse d’école du Val-Rouge, qui devient le fils prodigue d’un riche négociant de San-Francisco, et le fameux John Oakhurst, lequel joue ici le rôle de l’aventurier qui prend la place de l’enfant prodigue au foyer paternel. Voici maintenant comment cette donnée a été développée par l’auteur.

La pièce est divisée en quatre actes. Le premier se passe au rancho des Bienheureux-Innocens, chez don José Castro, vieux gentilhomme mexicain qui a recueilli l’ivrogne Sandy à titre de palefrenier, parce qu’il s’est trouvé là juste à point pour sauver la vie à sa fille, la belle et ardente doña Jovita, qui ne pouvait plus maîtriser un cheval fougueux. Maintenant Jovita sort tous les jours, accompagnée de son fidèle écuyer Diego (c’est le nom qu’on a donné à Sandy); elle a dans la forêt des rendez-vous avec son amant, et Sandy fait le guet à une distance respectueuse. Or l’homme qui courtise la riche héritière n’est autre que le joueur Oakhurst, l’ancien associé de Sandy, ou d’Alexandre Morton fils, pour lui donner enfin son vrai nom. Un beau jour, Oakhurst a disparu avec la femme de Sandy, et ce dernier a noyé son chagrin au fond de nombreux verres de whiskey, si bien que, de chute en chute, il en est arrivé à errer dans les campagnes, misérable vagabond qui a trouvé un asile momentané dans la maison de don José; mais le vieux gentilhomme a conçu des soupçons : il se doute que sa fille a un amant, seulement il croit que cet amant c’est son serviteur Diego, — quelque fils de famille qui s’est introduit chez lui sous un déguisement. Il l’interroge, et n’ayant pas réussi à le faire parler, il le chasse. Sandy s’éloigne en titubant, après avoir essayé de sermonner sa jeune maîtresse.

Là-dessus arrivent le vieux Morton, qui cherche partout son fils prodigue, et le colonel Starbottle, son homme d’affaires et intime ami. Ils sont reçus avec toutes les formes de la vieille courtoisie castillane. Pendant la nuit, Oakhurst s’introduit par effraction pour enlever Jovita : il en est empêché par le vieux Morton, qui rôde dans les corridors; le bonhomme croit avoir reconnu dans le jeune homme le fils jadis chassé par lui et qu’il demande maintenant à tous les échos depuis qu’il a été touché par la grâce divine. Oakhurst n’ose le détromper, et le voilà qui part avec le père dont la Providence lui fait cadeau d’une manière si imprévue, pour prendre la place de son ancien associé, qu’il croit mort. Le vieillard a, bien entendu, demandé à don José la main de Jovita pour son fils retrouvé.

Le second acte nous transporte au Val-Rouge, où s’est réfugié le vrai fils. Il est tombé amoureux de la jeune maîtresse d’école, dont ses soins timides ont fini par toucher le cœur. Miss Mary est, sans le savoir, sa