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REVUE. — CHRONIQUE.

proche parente. Orpheline, ayant vu sa famille abandonnée dans la misère par le vieux Morton, elle a su se créer elle-même une existence honorable. Cependant le vieil avare, aujourd’hui « régénéré, » s’est souvenu d’elle, il a découvert sa retraite, et il envoie le colonel Starbottle pour lui offrir de venir vivre sous son toit. Miss Mary refuse d’abord; mais une révélation qu’elle reçoit la fait changer d’avis. Une femme que les mineurs du camp nomment « la duchesse » vient la supplier de se charger de son enfant, un petit garçon qui suit les cours de l’école, et elle lui confie que le père de cet enfant est Sandy, qui l’a délaissée. Miss Mary consent à partir avec le colonel, et elle emmène l’enfant.

Pendant ce temps, John Oakhurst, devenu l’associé de son père putatif, a pris sa nouvelle position sociale au sérieux. Grâce à son intelligence, à son activité, à sa connaissance des affaires, la maison de banque Morton et fils jouit sur la place de San-Francisco d’une confiance illimitée. Mais il a compté sans ses ennemis. Il y a là notamment Concho, un serviteur de don José, qui, le jour de l’enlèvement projeté de Jovita, faisait la garde autour de la maison, et qui a été estropié en luttant contre Oakhurst-Il a juré de se venger. Avec l’aide d’un blanchisseur chinois auquel Sandy devait de l’argent, il a retrouvé ce dernier, il a découvert son vrai nom, et il le conduit à San-Francisco pour démasquer l’imposteur. Ce dernier d’ailleurs a déjà dû défendre sa position contre une foule de prétendans, de faux dauphins, qui sont venus se présenter comme les vrais fils et réclamer l’héritage du vieux banquier, — ou du moins une indemnité. Le père lui-même se dit parfois que son Sandy est bien changé, et il n’éprouve pas pour ce froid et respectueux jeune homme la tendresse qui serait si naturelle dans leur situation respective. Enfin des vols ont été commis chez Morton, et le détective Capper, qui est venu avec un autre agent s’installer dans la maison, soupçonne vaguement Oakhurst de n’être pas étranger à ces vols. C’est à ce moment que miss Mary arrive à San-Francisco avec la duchesse, qu’elle croit la femme de Sandy, et le petit Tommy, qu’elle veut présenter à son grand-père. Le colonel Starbottle les met en présence de celui qui porte maintenant le nom d’Alexandre Morton fils : la duchesse est stupéfaite en reconnaissant Oakhurst, l’homme qui l’a jadis enlevée à Sandy; mais celui-ci, qui la domine toujours, lui arrache l’aveu public qu’elle n’a jamais été mariée à Alexandre Morton, et déclare qu’il se charge de l’enfant. Par ce coup d’audace, il a encore échappé au danger qui le menaçait de ce côté; il n’est pas au bout. Pendant la nuit, une bande de voleurs, conduite par un ancien déporté qui se trouve être le vrai mari de la duchesse, pénètre dans la maison et se met en devoir de la dévaliser après avoir garrotté Oakhurst. Les bandits, — de vieilles connaissances de l’aventurier, — lui proposent de partager avec eux et de s’enfuir ensemble. Ils lui apprennent que Sandy est vivant, qu’ils l’ont amené avec eux et qu’il ne tardera pas à réclamer son héritage.