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Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 20.djvu/79

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Sainte-Marie, qui est située rue de Reuilly, les jeunes filles aveugles qui n’ont point de famille pour les recueillir.

Les tristes infirmités dont je viens de parler, et qui paraissent encore plus douloureuses lorsqu’elles viennent fondre sur des enfans, peuvent retarder et même entraver le développement de l’intelligence ; mais du moins elles ne l’attaquent pas dans son germe. Il n’en est pas de même de l’idiotie. Ici nous descendons d’un degré et nous allons nous trouver en présence d’enfans qui n’ont de l’être humain que la forme, et encore dans certains cas singulièrement altérée. L’idiotie cependant a des degrés comme la folie ; on peut la combattre, sinon la guérir, et c’est un des progrès les plus intéressans de la science aliéniste que les tentatives faites pour l’éducation des enfans idiots. Avant d’en arriver à ce point particulier, donnons d’abord une idée rapide des mesures d’assistance prises en faveur des enfans idiots.

Il existe à Paris deux asiles publics d’enfans idiots : Bicêtre pour les garçons et la Salpêtrière pour les filles. Le quartier des enfans idiots est situé à Bicêtre dans la partie la plus vieille et la plus défectueuse de la maison. Les dortoirs et l’infirmerie sont situés dans un bâtiment qui est un des restes de l’ancienne prison. Ce bâtiment n’est même pas contigu au préau qui est réservé aux enfans. Une salle basse et à peine aérée, dans laquelle on respire une odeur nauséabonde, sert de salle de récréation aux enfans de l’infirmerie et de salle de visite à leurs parens. Les ateliers où l’on fait travailler les enfans sont de véritables échoppes. Il n’y a de satisfaisant que le gymnase ; le préau qui en dépend et le jardin potager sont situés dans un air excellent. Le quartier des idiots peut recevoir 130 enfans, qui tous ou presque tous y sont placés d’office par le préfet de police en vertu des pouvoirs que lui conférera loi de 1838, et appartiennent aux classes les plus pauvres de la société. Le département de la Seine paie à l’Assistance publique une somme de 1 fr. 80 c. par jour pour l’entretien de ces enfans, et cherche sans grand résultat à se faire rembourser par les parens. Ce quartier a quelque peu perdu de son intérêt pour le visiteur depuis qu’on a transféré à l’asile de Vaucluse, dont je parlerai tout à l’heure, une partie des enfans qu’il contenait et qui étaient les plus intelligens. Les enfans qu’on y a laissés y sont divisés en deux catégories : les bien portans et les malades. Par « malades » on désigne non pas ceux qui sont temporairement atteints de maladies aiguës, mais ceux dont l’état d’imbécillité est tel qu’ils ne peuvent se suffire à eux-mêmes pour les actes les plus simples de la vie, et qu’ils ont besoin de soins constans. Ces malheureux enfans partagent leur vie entre l’infirmerie et cette salle nauséabonde dont je parlais tout à