Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 20.djvu/902

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
L'ARCHIPEL
DES PHILIPPINES

II.[1]
LES MŒURS, L’INSTRUCTION.

On n’a aucune idée de la population primitive de l’archipel des Philippines, et même les Espagnols ne peuvent se flatter de connaître celle d’aujourd’hui. Le moine augustin Fr. Manuel Buzeta, qui en 1850 a publié à Madrid un excellent dictionnaire géographique, statistique et historique des Philippines, croit que le nombre des sauvages ou idolâtres, comme il les appelle, est au moins d’un million; 800,000 vivraient dans la grande île de Mindanao, et 200,000 seulement dans l’île de Luçon et le groupe des Visayas. La population actuelle, celle qui reconnaît la souveraineté de l’Espagne, serait, d’après le recensement fait en 1872, de 7,450,988 âmes, réparties en 43 provinces ou districts qui comptent à leur tour 933 villes et villages. Chaque Indien et chaque Indienne ayant passé l’âge de seize ans paie à l’état un tribut de 1 piastre 10 cuartos ou 5 francs 30 cent, par an. Le nombre des tributaires en 1872 était de 1,232,544. Aucune autre contribution n’est exigée, et le budget colonial ne s’accroît que d’un impôt sur la fabrication des alcools indigènes, de la vente du tabac, de la poudre et du papier timbré, de la ferme de l’opium et de celle des jeux de coqs, d’une loterie

  1. Voyez la Revue du 15 mars.