mensuelle, et de droits d’entrée, — 7 pour 100, — sur les marchandises importées. Indépendamment de quarante journées de prestation pour l’entretien des routes, dont ils peuvent s’exempter en payant annuellement 15 francs à leurs communes, les Indiens sont tenus à servir pendant sept ans dans les armées de terre et de mer; leurs services ne sont point généralement exigés en dehors de la colonie. Ce sont des soldats excellens, et qui nous ont été particulièrement utiles dans les premiers jours de la conquête que nous fîmes de la Cochinchine en 1858. D’une sobriété extrême, préservés des insolations et des fièvres paludéennes par l’habitude de marcher dès l’enfance au soleil et dans les rizières fangeuses, doués d’une bravoure qu’un mot enflamme, ces insulaires ont fait pendant cette campagne l’admiration de nos marins.
Le Tagale, le type le plus parfait de toutes les races de l’archipel, est de stature moyenne. Son teint est foncé, couleur de chocolat au lait. Les yeux se relèvent légèrement à la chinoise, les oreilles sont petites, bien collées aux parois du crâne, les pommettes des joues saillantes, mais sans exagération, le nez et le menton sont petits. Les cheveux, très noirs, n’ont aucune rudesse. Les femmes indigènes, qui presque chaque jour se baignent, aiment à laisser flotter sur les reins leur chevelure, d’une longueur rare en Europe. Lorsqu’elles ont séché leurs cheveux à l’air, elles les parfument avec de l’huile fraîche de coco, puis, après les avoir roulés d’une façon gracieuse au sommet de la tête, on les voit les décorer avec coquetterie d’une fleur. Le Tagale a la main et le pied petits; il se sert des deux avec une dextérité merveilleuse; rarement il prendra la peine de se baisser pour relever un objet léger qui est tombé à terre à côté de lui. Un jour, un domestique ayant laissé glisser une fourchette de la table sur le parquet, je le vis l’enlever rapidement avec son orteil pour la replacer le plus naturellement du monde à côté de moi. Ce jeune garçon arrivait d’une province éloignée pour apprendre l’espagnol en servant chez des Européens; il n’avait jusque-là mangé qu’avec ses doigts. Je me contentai de lui dire que cette manière de ramasser les objets n’était pas digne d’un homme.
L’Indien est très propre, et, sauf la fâcheuse habitude de mâcher du bétel, rien en lui ne répugne. Il aime la toilette, les odeurs, les pommades, les pantalons de satin, la chemise de toile de lin très fine ou lissée en fibres d’ananas, les escarpins vernis et le chapeau blanc à haute forme. Il porte habituellement la chemise flottante, c’est-à-dire hors du pantalon; jamais on n’a pu réussir à le faire renoncer à ce singulier usage qui choque les Européens lorsqu’ils arrivent à Manille. Les femmes n’en portent pas du tout. Un jupon en cotonnade bleue et rayé les jours de travail, en soie les jours de