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trêmes s’efforçant de représenter leurs fantaisies comme l’expression de la politique nationale. Que des catholiques peu éclairés, peu attentifs à ce qui se passe autour d’eux, tentent des démarches auprès de M. le ministre des affaires étrangères et adressent des pétitions aux chambres, à M. le président de la république, pour demander qu’on aille au secours du saint-père, prisonnier, comme on sait, dans le Vatican, c’est une manifestation sans écho. Elle n’est pas sans danger, puisqu’elle peut prêter et qu’elle prête effectivement aux interprétations les plus perfides hors de la France ; mais enfin elle répond si peu à l’intérêt public, aux plus évidentes nécessités du moment, qu’elle ne risque guère d’affecter la direction de nos affaires, l’intégrité de nos relations. Ce qui est à désirer c’est qu’entre ces rêves surannés et les excentricités radicales déguisées sous une couleur républicaine, tous les hommes sensés qui veulent une république possible mettent leurs efforts à maintenir une politique nationale de prévoyance, de recueillement, de lente préparation, la seule conforme au sentiment profond et aux intérêts de la France.

La république, pour devenir un régime régulier et définitif, a besoin de se préserver de bien des dangers que lui créent ses amis encore plus que ses ennemis. Elle n’est point sans être entourée d’un certain nombre de ces difficultés auxquelles M. Jules Simon, revenant d’Italie, faisait récemment allusion dans un entretien avec le conseil municipal de Marseille. Une de ses faiblesses est cette manie d’innovations et de réformes improvisées dont les républicains les mieux intentionnés ne se défendent pas toujours, et qui a déjà produit tant de propositions. C’est assurément une pensée très juste que de vouloir fortifier les services publics, de se mettre à la recherche des progrès possibles dans les finances, dans l’administration, dans l’organisation de la justice ou de l’armée. Il faudrait seulement prendre garde de ne pas confondre les fantaisies avec le progrès, et une certaine agitation prétentieuse avec l’activité réformatrice.

Puisqu’on a déjà touché à tant de choses, la diplomatie ne pouvait être oubliée. Le sénat a eu en effet, il y a quelque temps, à s’occuper d’une proposition qui avait pour objet de réorganiser notre représentation extérieure par l’unification du service consulaire et du service diplomatique. Pour cette fois, — il est vrai que c’était au sénat, — M. le ministre des affaires étrangères et M. le comte de Saint-Vallier réussissaient à détourner une prise en considération qui n’aurait conduit à rien ou qui aurait tout compliqué. De la proposition sénatoriale, il n’est resté que cette pensée, qu’il pouvait y avoir quelque chose à faire pour relever la représentation exlérieuie de la France par la sévérité dans le recrutement du personnel diplomatique. C’est justement pour examiner cette délicate question que M. le duc Decazes, délivré de la commission