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sénatoriale, s’est empressé de nommer une commission extra-parlementaire où il s’est fait un devoir d’appeler à côté d’hommes d’expérience, comme M. le comte de Viel-Castel, M. le comte de Saint-Vallier, M. de Clercq, les sénateurs et les députés qui s’étaient signalés par leur zèle réformateur. Voilà donc une commission nouvelle qui s’est mise à l’œuvre depuis deux mois et qui paraît avoir produit jusqu’ici ce que produisent bien des commissions, — un programme respectable et peut-être chimérique ! Elle propose d’établir à l’entrée de la carrière, comme condition d’admissibilité, une multitude d’examens oraux ou écrits : examens sur les langues anglaise et allemande, examens sur l’histoire diplomatique de 1648 à 1873, sur le droit international, sur les affaires commerciales, sur les questions contentieuses, sur la constitution politique de tous les états. La commission propose bien d’autres choses encore, des garanties contre la faveur, des encouragemens sous forme de primes à l’étude des langues, l’institution de jurys d’examen, des concours pour l’admission au surnumérariat, etc. Que résultera-t-il sérieusement de tout cela ? Se rend-on bien compte de ce qui peut renouveler et fortifier la représentation de la France dans le monde ?

Évidemment c’était une idée fausse de prétendre commencer cette réforme par l’unification du service diplomatique et du service consulaire. Malgré les points de contact qui existent entre les deux services, quoiqu’un chef de légation ne doive rien ignorer des intérêts commerciaux et qu’un consul puisse être appelé par une circonstance exceptionnelle à un rôle politique, les carrières sont différentes et supposent des aptitudes distinctes. Les confondre, ce serait les dénaturer et les compromettre toutes les deux, comme l’a dit justement M. le comte de Saint-Vallier ; ce serait surtout pousser les consuls à sortir de leur sphère, à se transformer incessamment en agens politiques. Cette idée a été fort heureusement écartée. Restent les examens distincts qui devront être la condition d’admissibilité dans le service diplomatique comme dans le service consulaire.

Rien de plus naturel et de plus utile à coup sûr que de constater la capacité de ceux qui ont l’ambition d’entrer dans les grandes carrières de l’état. Rien de mieux que de demander à des jeunes gens de savoir l’anglais, l’allemand, de connaître le droit international, l’histoire de leur pays et des autres pays. Ces conditions ne sont pas nouvelles, elles sont inscrites dans plus d’un règlement, et si on veut les rajeunir, les étendre ou les fortifier, ce ne sont pas les chefs intelligens chargés de diriger nos affaires étrangères qui s’y opposeront. L’illusion serait d’attacher trop d’importance ou une importance trop exclusive à ces examens multipliés et véritablement démesurés qu’on propose, à tous ces procédés qui ne servent qu’à faire un mandarinat. Un jeune homme peut être fort capable de répondre à des questions sur le droit ou sur l’histoire, de subir toutes