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Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 21.djvu/743

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ban, la fourniture des chevaux et du train, le casernement, l’indemnité des officiers et des médecins, en un mot tous les frais de la mobilisation sont mis à la charge des provinces. Des sacrifices pécuniaires considérables sont ainsi imposés aux assemblées provinciales. Dans plusieurs gouvernemens, on évalue à près d’un million de roubles les frais de la mise sur pied de la milice, et comme cette somme approche souvent du total de leurs budgets annuels, les provinces n’y pourraient faire face qu’au moyen d’avances du trésor. En compensation de ces charges, les choix pour les postes d’officiers sont, dans chaque gouvernement, confiés aux zemstvos ou assemblées provinciales, les officiers supérieurs étant seuls soumis à la confirmation ministérielle. Les sujets ne manqueraient point ; l’on sait qu’en Russie beaucoup de nobles croient devoir encore commencer leur carrière par l’armée, qu’ils quittent ensuite. Ces anciens officiers seraient un élément précieux pour la formation des milices.

L’organisation des forces russes telle que nous venons de la décrire n’embrasse pas tout l’empire. En Asie, là même où elles ont été introduites, les institutions nouvelles ont subi de notables modifications. La durée totale du service y est abaissée de quinze à dix ans, dont sept années dans l’armée active et trois dans la réserve[1]. Les régions les plus écartées de la Sibérie, du Turkestan et du Caucase, demeurent exemptes du recrutement ou soumises à un régime spécial. Le royaume de Pologne, récemment privé de tout vestige d’autonomie, est assujetti aux mêmes règles que la Russie d’Europe. Dans le grand-duché de Finlande, qui, au lieu d’être une province russe, est demeuré un état annexe de l’empire, le service obligatoire va être prochainement introduit, d’accord avec la diète finlandaise, dont le gouvernement impérial a voulu attendre la sanction. Il restera encore en Europe même de vastes contrées en possession d’un régime militaire spécial. Ce sont les provinces méridionales, dont les habitans portent le titre de Cosaques, et forment sous ce nom, depuis des siècles, des troupes irrégulières.

La Russie trouve trop d’avantages militaires et financiers au régime particulier des Cosaques pour l’abroger ; elle s’est contentée de l’améliorer et de le mettre en harmonie avec ses récentes institutions. Les Cosaques placés sur les frontières du sud de l’ancienne Moscovie, dans des steppes longtemps désertes, avaient jadis pour mission de protéger les confins de la Russie contre les incursions des peuplades barbares, aujourd’hui pour la plupart sujettes du

  1. Il en est de même dans la marine.