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LES
CONFIDENCES JUVENILES
D'UN POETE

Correspondance d’Edgar Quinet. — Lettres à sa mère, 2 vol. in-8o ; Paris 1877. Germer-Baillière.

La personne dont les mains pieuses et fidèles viennent de publier les premières confidences d’Edgar Quinet ayant eu l’idée de rassembler, non-seulement les lettres de son enfance et de sa jeunesse, mais sa correspondance tout entière, s’est adressée à tous ceux qui furent ses amis, les uns plus tôt, les autres plus tard, aux phases diverses de cette orageuse destinée. Hélas ! combien s’étaient dispersés déjà ! On part sous le même rayon de soleil, dans une communauté indistincte de sentimens nobles ; mais peu à peu les sentimens deviennent plus particuliers, les exigences des âmes sont plus impérieuses, les consciences parlent, les groupes se divisent ; il y a tant de routes différentes sur un sol que les tremblemens de terre ont si souvent bouleversé ! Ceux-là pourtant qu’un travail intérieur d’esprit et d’âme avait le plus éloignés du compagnon de leurs jeunes années sont précisément ceux qui ont répondu à cet appel avec le plus d’empressement et de joie. Me serait-il interdit de signaler un nom qui offre ici un rapprochement bien expressif ? Parmi ces compagnons des heures d’enthousiasme, il y avait un homme que mille choses, mille obstacles, surtout les dissentimens politiques et religieux, avaient séparé de lui depuis bien des années, un homme qui a suivi des voies toutes différentes,