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Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 22.djvu/767

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Si vous ne voulez pas vous donner la peine d’apporter la première nouvelle de la promotion, si elle se fait,... je vous prie de (la) lui laisser porter, s’il le souhaite; vous obligerez son frère, et je serai bien aise, m’ayant servi en quelque rencontre, que vous le dépêchiez vers moi pour me l’apporter... »

Il se préoccupait très vivement du rôle que joueraient à Rome les Espagnols dans l’affaire de son chapeau, et il se berçait de l’espoir qu’ils garderaient au moins la neutralité, s’ils avaient conscience de leurs véritables intérêts, et si de plus le bailli de Gondi intercédait auprès d’eux en sa faveur. « Pour ce qui regarde l’indifférence des Espagnols, dont vous me parlez, écrivait-il à son confident le 24 novembre, je l’avais toujours bien prévue et je la tiens fort assurée, même en quelque façon de concert avec M. le prince, quoique l’abbé de Barclay m’ait écrit que leur ambassadeur a pressé fort la promotion avant son départ pour la Sicile. Il pourrait bien être qu’ils seraient bien aises de témoigner à ceux des partisans de M. le prince qui sont à Rome quelque espèce de complaisance extérieure et publique, et que pourtant, dans le secret, ils ne me fussent pas tout à fait contraires, leurs véritables intérêts n’étant point d’empêcher ma nomination, par les raisons que je vous ai déjà mandé. Je crois même que ceux qui leur ont parlé pour moi d’office et sans que je m’en sois voulu mêler leur ont marqué la conduite que je vous dis, à laquelle ils se sont déterminés, non pas à dessein de me nuire, mais pour donner aux partisans de M. le prince toutes les apparences nécessaires pour conserver l’étroite union qui est entre eux. Quoi qu’il en soit, et quand même leur véritable dessein serait de ruiner mes affaires, il n’y a pas d’autres mesures à prendre pour l’intelligence de M. le bailli de Gondi et de l’ambassadeur de Toscane, qui sont leurs amis, et qui feront à mon sens tout leur pouvoir et peut-être assez pour détourner cet orage. Je ne doute pas que vous ne leur en ayez déjà communiqué, si vous l’avez jugé nécessaire. Cependant je continuerai de ma part à prévenir, autant que je pourrai par mes amis, le mauvais effet que pourrait produire cette opposition... »

« Je suis aussi bien surpris que vous, ajoutait-il, de la lenteur du pape, après les bonnes paroles qu’il m’a fait donner depuis si longtemps par les lettres du cardinal Panzirole, dont vous ne parlerez point, si vous ne le jugez à propos, sans nécessité, et si ce n’est par forme de plainte à lui-même, et en cas que la promotion passât Noël. Si vous le faites, il faut que cette plainte paraisse plus de M. le duc d’Orléans que de moi. Je ne sais pas de moyen d’abréger ces longueurs que par les pressantes sollicitations de son altesse royale duquel je pourrai peut-être lui envoyer (au pape) une lettre par un courrier extraordinaire... Si je le fais, ce même courrier