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Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 22.djvu/903

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femmes, mortes ou vivantes? — Celle qui a fait le plus d’enfans, » répond Bonaparte avec un sourire. Et, comme pour prouver ce qu’il a avancé, il va rejoindre sa femme et reste auprès d’elle pendant tout le souper. — Talleyrand dépensa 12,730 livres sans compter les chanteurs et le souper; mais Bonaparte partit satisfait, et ce n’était pas un mauvais placement.

Le directoire agissait avec Talleyrand à peu près comme avec Delacroix. Seul il signait les traités; seul il amena la nouvelle rupture avec la maison d’Autriche. Le ministre était à peine avisé des nominations d’ambassadeurs; on lui demandait des lettres de créance en blanc. Il ne faut donc pas s’étonner si ce premier ministère de Talleyrand fut un peu effacé. Il reste cependant de cette époque quelques sages règlemens, sans parler des nouveaux arrêtés contre les commis qui persistaient à monsieuriser; il fut par exemple interdit aux agens français de contracter mariage sans autorisation du ministre, et de s’occuper de politique dans leurs correspondances particulières, de peur qu’on abusât des renseignemens qu’ils pourraient donner. Enfin les consulats, que Delacroix avait rattachés aux bureaux politiques, en furent de nouveau séparés. Talleyrand estimait que les fonctions diplomatiques et les fonctions consulaires sont absolument différentes. Il jugeait trop dangereux l’empiétement des consuls dans les attributions des agens politiques pour confier aux mêmes commis le soin de correspondre avec les uns et avec les autres. A la tête du bureau des consulats, il plaça d’Hermand, et comme sous-chef il choisit d’Hauterive, un des hommes les plus distingués qui aient traversé la carrière.

Cette situation de ministre chef de bureau ne convenait guère à Talleyrand : il ne tarda pas à s’en lasser tout à fait. En 1799, Bonaparte était parti pour l’Egypte, le directoire était en décomposition. Attaqué par les jacobins dans les conseils, peu soutenu par les directeurs, l’ex-évêque d’Autun donna sa démission (2 thermidor an VII, 20 juillet 1799). Il savait toujours se retirer à temps quand la maison menaçait ruine. Ce ne fut du reste qu’une retraite momentanée ayant pour effet de faciliter son admissibilité dans le gouvernement qui triompherait.

Son successeur, Reinhard, ne fit guère qu’un intérim. On connaît déjà ce Wurtembergeois passé au service de France et tout dévoué à sa patrie d’adoption. Il était de ces hommes qui ne brillent qu’au second rang, mais non pas sans valeur. « L’étude de la théologie, où il se fit remarquer dans le séminaire de Dekendorf et à la faculté protestante de Tubingue, lui avait donné une souplesse et une force de raisonnement que l’on retrouve dans toutes les pièces qui sont sorties de sa plume. » Talleyrand, qui a écrit ces lignes, aurait pu