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Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 24.djvu/427

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qui assurent le pain à toute une nombreuse population. Nantes le sait. Le long de la Basse-Loire, quelques établissemens métallurgiques, quelques ateliers de grande chaudronnerie et de constructions mécaniques, principalement de machines agricoles (on a fabriqué et vendu plus de 200 de celles-ci en 1875), toutes ces usines donnent du travail à des milliers d’ouvriers, et remuent une masse de 30,000 tonnes de métaux, fer, plomb, cuivre ou zinc. Que ce ne soit là qu’un commencement, et que la place de Nantes s’ingénie à développer ce germe si fécond du travail industriel !


II. — LA BASSE-LOIRE, SAINT-NAZAIRE, LE LITTORAL.

Pour se rendre de Nantes à Saint-Nazaire, on peut prendre la voie ferrée ou le bateau à vapeur. La voie ferrée, qui longe les quais mêmes du port et dessert la rive droite du fleuve, est la plus rapide. La voie fluviale est plus animée, plus pittoresque, et l’on y touche à l’une et à l’autre rive. On monte sur un petit bateau à hélice ou à roues. On salue au départ le port marchand, le quai de la Fosse, que parcourent les wagons, et le long duquel sont amarrés les gabares, les bricks, les goélettes, les trois-mâts. Là sont les grues à vapeur pour le chargement et le déchargement. On rase la pointe de l’île Gloriette ; ensuite apparaissent les chantiers de construction maritime de la Prairie-au-Duc, et l’île Lemaire, où seront bientôt construits les magasins généraux. Quelques hautes cheminées, qui envoient vers le ciel leur panache de fumée épaisse, marquent, sur les îles de la Loire qui s’éloignent, l’emplacement de quelques usines à vapeur, entre autres de la plus grande raffinerie de sucre de la place. Voici maintenant, sur la rive droite du fleuve, dans un faubourg de la ville, la vaste carrière de granit de Mizery, où travaillent des centaines d’ouvriers. Le pavé cubique de Nantes, les pierres de couronnement des quais, le moellon irrégulier pour la bâtisse, sortent de là. La roche est regardée comme une des meilleures pierres de construction qu’il y ait, et c’est là que vient mourir, sur le bord même de la Loire, le grand mur de granit qui forme comme l’assise inébranlable de l’Armorique. C’est l’arête autour de laquelle se sont déposés peu à peu les terrains de sédiment qui ont donné à cette presqu’île son relief définitif ; elle commence au-delà de Brest, court parallèlement au rivage de l’Atlantique jusqu’à Nantes, et les gens du pays l’appellent le sillon de Bretagne, heureuse dénomination que le géologue fera bien de retenir.

Après Mizery vient Chantenay. La Loire a là plus de 400 mètres de large. En se retournant vers la ville, on a une très belle vue, celle du port avec ses navires, et celle des îles sur le fleuve. Chantenay, une commune qui compte déjà 10,000 habitans, semble