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Page:Revue des Deux Mondes - 1878 - tome 25.djvu/196

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corps représentatif ; par compensation, il était recommandé d’allouer aux députés une indemnité de voyage et des frais de séjour, et de laisser de larges attributions aux municipalités. On admettait que les deux chambres seraient élues, sauf que la première serait nommée par d’autres électeurs que la seconde et pour un temps plus long. Les fonctionnaires du gouvernement ne pouvaient faire partie des chambres ; toutefois ils avaient le droit d’y prendre la parole. Ce type de constitution est bien connu ; c’est la copie réduite, mutatis mutandis, des institutions que la Grande-Bretagne met en pratique depuis bientôt deux siècles.

Telle fut la charte octroyée aux habitans de l’Afrique australe par lettres patentes de la reine en date du mois de mai 1850. Un article final autorisait le gouverneur à régler par décret, avec l’assistance de l’ancien conseil législatif, les points accessoires, tels que le partage du territoire en circonscriptions électorales, la qualification des électeurs et des éligibles, toutes questions qu’il paraissait impossible de régler à distance. Une grave difficulté surgit à ce propos. Ce conseil législatif, quoique virtuellement en existence, ne se réunissait plus, depuis que les membres non fonctionnaires s’en étaient retirés à l’époque du débat sur l’introduction des convicts. A vrai dire, il n’avait jamais obtenu la faveur publique, parce qu’on lui en voulait de ne se composer que des élus de la couronne. En prévision sans doute des élections futures, les hommes marquans ne se souciaient plus d’en faire partie. Il était indispensable néanmoins de le faire revivre encore une fois, puisque, bien que jugé incapable de voter les actes de la législation courante, il recevait mission d’achever l’œuvre constitutionnelle. Sir H. Smith s’avisa de faire désigner les cinq membres manquans par une sorte de suffrage restreint ; il invita les municipalités de la colonie à désigner cinq personnes. Les noms qui obtinrent la majorité étaient bien choisis ; il y avait en tête de la liste l’avocat Brand, qui est devenu depuis président de l’assemblée, MM. Stockenstrom et Fairbairn, dont il a déjà été question. Mais le gouverneur ne les accepta pas tous. Par dérogation à l’engagement qu’il avait paru prendre, il élimina celui qui avait eu le moins de voix pour mettre en place un habitant de Graham’s-Town, sous prétexte que les provinces orientales n’auraient pas eu sans cela leur juste mesure de représentation.

Dès les premières séances du conseil ainsi reconstitué, il devint évident que l’accord était impossible. Les quatre membres élus voulaient, entre autres dispositions, établir l’éligibilité à la chambre haute sur la base d’un cens très réduit ; les autres voulaient au contraire n’admettre que des candidats possesseurs d’une fortune