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Page:Revue des Deux Mondes - 1878 - tome 27.djvu/719

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contribueraient pas à déterminer. Il y a aussi ce qu’on pourrait appeler la partie morale de la question, la position faite aux sous-officiers, les garanties protectrices de leur carrière, les traitemens, les égards qui dans la vie de tous les jours peuvent les relever à leurs propres yeux comme aux yeux de leurs soldats. Il y a en un mot ces mille détails qui font qu’un sous-officier peut s’attacher à son modeste rang, et ici ce n’est plus seulement une affaire de prime et de haute paie, ce n’est pas même une simple affaire de législation; c’est une affaire de discernement et de tact dans le commandement, dans l’art de choisir les hommes, de les distinguer, de les manier et de les employer. Ce n’est plus la question des sous-officiers, c’est la question vitale de l’armée tout entière. Il y a eu dans la dernière discussion un député, M. le comte de Lur-Saluces, qu’on a voulu à peine écouter et qui a cependant touché le point sensible. Le rapporteur de la loi des sous-officiers, M. le colonel Tézenas, a défini le mal : « Il semble qu’il n’y ait plus qu’une préoccupation dans l’armée, celle d’en sortir au plus vite.» M. de Lur-Saluces a indiqué une cause essentielle: c’est que l’esprit militaire s’est affaibli! Comment cet affaiblissement devenu un péril s’est-il produit ? Comment relever et fortifier l’esprit militaire sans lequel il n’y a point d’armée? Voilà le problème, et il mérite d’être l’objet d’une incessante étude bien plus que toutes les propositions sur la réduction des années de service ou sur la manière de pratiquer à volonté l’obéissance militaire.

Pendant que la France en est à son exposition, au centenaire de Voltaire ou à la discussion de ses intérêts financiers et militaires, l’Europe touche-t-elle enfin à la réunion d’un congrès, à l’apaisement vraisemblable de la crise orientale! Cette éternelle question d’Orient, elle est véritablement entrée depuis quelques semaines dans la phase des obscurités. Ce qu’il y a de plus clair, c’est qu’on ne sait rien avec précision, ou du moins on ne sait qu’une chose, c’est que la situation ne s’est point aggravée, c’est que la mission du comte Schouvalof à Saint-Pétersbourg a rendu la réunion d’un congrès plus vraisemblable, et si le congrès est redevenu possible, c’est que la Russie a consenti à soumettre le traité de San-Stefano à la juridiction de l’Europe. C’est sans doute un premier gage, un premier signe favorable. Au-delà, pour le moment, tout reste encore assez obscur, et c’est le jour où le congrès s’ouvrira qu’on aura la juste mesure de l’esprit de conciliation du cabinet de Saint-Pétersbourg, du différend qui existe encore entre la Russie et l’Europe, représentée surtout par l’Angleterre.

Rien n’est nouveau en politique. Il y a eu toujours des conspirations et des attentats qui ont eu invariablement les mêmes effets. L’autre jour, au moment où l’on y songeait le moins, lorsqu’on ne parlait que de