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LA
BANQUE DE FRANCE
PENDANT LA COMMUNE

IV.[1]
L’INCENDIE DU PALAIS-ROYAL ET LA FIN DES DÉLÉGUÉS.


IV. — L’incendie du Palais-Royal.

La journée du mardi 23 mai fut spécialement pénible pour Paris ; les incendies ne flambaient pas encore, les grands massacres n’avaient point commencé, les otages n’étaient que prisonniers, l’exaspération et l’implacable colère n’avaient point envahi nos soldats ; mais le cœur des Parisiens était singulièrement oppressé, car l’on ne savait rien de précis sur les mouvemens de l’armée française, on ne comprenait pas alors le plan stratégique auquel elle obéissait, et l’on trouvait qu’elle s’attardait singulièrement dans les zones excentriques, laissant à la révolte tout le loisir de se fortifier dans la vieille ville, facile à défendre et pleine de refuges. A la Banque, fermée, presque prisonnière, quoique sur la défensive, ces impressions d’angoisse étaient plus poignantes peut-être qu’ailleurs, car on s’attendait à chaque minute avoir arriver les pantalons rouges, qui n’arrivaient pas. On était très énervé, silencieux, comme toutes les fois que l’on se trouve sous l’appréhension d’un danger inconnu.

  1. Voyez la Revue du 15 mai, du 1er et du 15 juin.