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Page:Revue des Deux Mondes - 1878 - tome 28.djvu/857

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contempler ce pavillon, qu’il avait fait dresser dans son jardin, en velours doublé de soie, brodé partout de feuilles et d’étincelles d’or, avec les armoiries de toutes ses seigneuries.

Aux autres traits dont j’ai marqué toutes ces fêtes, celle-ci permet d’en ajouter deux, l’un d’ordre littéraire, l’autre politique. Dans cette grande fête parisienne les représentations théâtrales eurent une place plus importante. Paris commence à ne plus comprendre de fêtes populaires sans le théâtre. On a pu noter même dans les Mystères une certaine somptuosité de décorations et de mise en scène. « Bien souvent, écrit M. Sainte-Beuve dans son Tableau de la poésie et du théâtre au XVIe siècle, c’était en plein air, sur les places publiques, à la face de toute une population rassemblée, qu’ils dressaient leurs nombreux échafauds et qu’ils exécutaient leurs drames interminables, durant plusieurs jours consécutifs, du matin au soir, avec un vaste appareil de machines, de tapisseries et de peintures. La nouveauté, la bizarrerie de cet entourage et de cette montre, on le conçoit, devenait aisément le principal, et le texte de la pièce elle-même, le registre, comme on l’appelait, ne faisait souvent que fonction de libretto. La plupart des costumes étaient empruntés à la sacristie, et surtout lorsqu’il s’agissait de jouer Dieu le père, nulle chape et nulle étole ne paraissaient assez magnifiques dans la garde-robe épiscopale. Aux divers instans de pause, ou pendant les scènes de paradis, les chantres, les enfans de chœur et les assistans entonnaient les hymnes et psaumes indiqués, et si la pièce se représentait dans la cathédrale, les grandes orgues, par leur accompagnement, faisaient l’effet de l’harmonie céleste. » Les « psaumes et les proses de l’église étaient à la lettre les opéras de ces temps-là, » a très bien dit le P. Ménestrier. Aux mystères, le XVe siècle vit ajouter les moralités, les soties, les farces, celles-ci d’abord jouées exclusivement par la basoche, obligée plus tard de concéder au prince des sots de faire jouer des farces, en obtenant en revanche l’autorisation de jouer des soties. Tout cela formait un élément des fêtes et réjouissances. Les très grandes libertés satiriques prises par ce nouveau théâtre devaient appeler les sévères répressions et interdictions de Charles VII et de Louis XI. Mais si la basoche éprouva des traitemens assez divers de ce dernier roi, traitemens fort rigoureux à la fin, qui ne devaient cesser que sous Louis XII, prince libéral et débonnaire, les Mystères purent. se déployer plus librement. Ils montrèrent un caractère plus profane qu’autrefois. Le clergé eut droit de s’en plaindre au nom de la religion et de la morale.

Ces représentations et les autres réjouissances n’étaient pas le seul attrait qui fît affluer à Paris. Un autre trait annonce le