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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




15 août 1878.

S’il y a des momens où la politique est en pleine action, où elle se concentre dans quelque grande et pressante question intérieure ou extérieure, dans quelque crise de parlement ou de diplomatie, il y a aussi des momens où elle semble se détendre, où elle est un peu errante et dispersée.

La politique en est là aujourd’hui. Après les préoccupations de ces derniers temps, après les conflits et les congrès, on prend des vacances. M. de Bismarck, heureux d’avoir expédié en quelques semaines la paix de Berlin, n’a point attendu la fin de ses élections pour aller à Kissingen, où probablement il médite sur ce qu’il fera bientôt. Le prince Gortchakof n’est rentré à Saint-Pétersbourg que pour revenir sans plus tarder aux eaux d’Allemagne, et pour aller peut-être ensuite, selon sa coutume, jusqu’en Suisse. Lord Beaconsfield savoure ses triomphes et se hâte de se mettre en règle avec son parlement avant d’avoir devant lui quelques mois d’un règne ministériel incontesté. En France aussi nous en sommes au repos, aux excursions que la tranquillité du moment et la saison favorisent. M. le président de la république campe à Trouville, d’où il ne revient que pour assister à quelque conseil ou pour voir quelque illustre visiteur de l’exposition. M. le garde des sceaux, le plus vert de nos ministres, est à peine rentré d’hier, et après avoir signé ses dernières promotions ou mutations de magistrature, il voudra sans doute retourner pour quelques jours dans la Charente. M. le ministre de l’intérieur est pour un mois dans sa campagne de l’Orne. M. Waddington est aux bords de la mer, et le ministère des affaires étrangères est la maison de Paris où l’on fait le moins de bruit. M. le ministre des travaux publics enfin parcourt la Normandie, visitant Rouen, Honfleur, le Havre, Dieppe. La politique est en voyage ou au repos. Autrefois le roi Louis XVIII, homme d’expérience, et d’esprit, avait coutume d’interroger son cabinet sur la