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rencontrés dans la Guyane et dont l’énumération, même sommaire, est impossible; il faut cependant y mentionner l’araucaria, seul conifère que possède le Brésil et qui est connu sous le nom de pin du Brésil. C’est un arbre très élevé dont les branches partent du tronc en se recourbant comme les bras d’un candélabre et sont couvertes de feuilles imbriquées, d’un vert métallique, et munies d’un piquant au sommet. D’un port élégant et majestueux, cet arbre est l’un des plus beaux ornemens de ces forêts; il produit un fruit comestible et un bois compacte, facile à travailler, dont on exporte une grande quantité à Montevideo. Il est un autre arbre qui, pour certaines provinces, est une véritable providence, c’est le Copernicia cerifera, connu dans le pays sous le nom de Carnauba. Résistant aux sécheresses les plus prolongées, il fournit un excellent bois ; la partie centrale de la tige donne une espèce de sagou dont on peut faire du vin; la pulpe du fruit est comestible, l’amande torréfiée remplace le café ; les feuilles, dont il se fait une grande exportation, fournissent des fibres souples et ténues servant à la fabrication des chapeaux de paille, enfin ces mêmes feuilles sécrètent une cire dont on fait d’excellentes bougies.

Au sud du Brésil, la république argentine nous offre également le long des côtes de vastes forêts où se rencontrent le dalbergia nigra, connu chez nous sous le nom de palissandre, et en Angleterre sous celui de Rosewood; le Quebracho, dont nous avons déjà parlé, et dont le bois renferme 12 pour 100 de tannin, et les feuilles 25 pour 100; le Lapacho, qui est d’une belle couleur violette, et de nombreux arbrisseaux, dont beaucoup donnent des produits tinctoriaux ou médicinaux. Les pluies, abondantes sur la côte, diminuent à mesure qu’on s’avance dans l’intérieur, et finissent par ne plus se produire qu’accidentellement sous forme de pluies d’orage; avec elles aussi disparaissent les forêts que remplacent de simples graminées. C’est la seule végétation qu’on rencontre dans les vastes plaines appelées pampas qui s’étendent jusqu’au pied des Andes. Les plantations d’arbres y réussissent cependant, et il n’est pas douteux que, si l’on parvenait à créer artificiellement des forêts, le climat ne se modifiât bientôt et ne devînt plus humide.

Les Andes forment une double chaîne qui court parallèlement au Pacifique; mais les forêts n’y couvrent guère que les versans septentrionaux, qui reçoivent les émanations de la mer des Antilles; depuis le cap Blanco au Pérou jusqu’à Valparaiso, sur une longueur de 29 degrés, toute la chaîne est déboisée. Au Pérou, en Bolivie, dans la Nouvelle-Grenade, se rencontrent les forêts de chinchonas qui produisent le quinquina, mais qui sont dévastées partout où elles sont accessibles. Heureusement le précieux arbuste a pu