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dans le recueillement et consacrées au travail. » Il n’a pas caché la sérieuse et patriotique émotion qu’il éprouvait de pouvoir montrer, après ces sept années, « la solidité de notre crédit, l’abondance de nos ressources, la paix de nos cités, le calme de nos populations, l’instruction et la bonne tenue de notre armée, aujourd’hui reconstituée, » — et tout cela témoignant u d’une organisation qui sera féconde et durable. » Tout est vrai et juste dans ce tableau où « le souvenir de nos malheurs » est invoqué comme un généreux aiguillon, comme un avertissement salutaire, où le dernier mot est un appel à a l’esprit de concorde, au respect absolu des institutions et des lois, à l’amour ardent et désintéressé de la patrie. » M. le maréchal de Mac-Mahon, en paraissant vouloir éviter la politique dans son discours, a tout simplement tracé le prograrnme de la plus honnête, de la meilleure des politiques.

Oui assurément, cette exposition qui vient d’avoir ses vainqueurs et ses vaincus à la distribution des récompenses, cette exposition de 1878 a la sérieuse signification que M. le président de la république s’est plu à lui donner, et elle a gardé jusqu’au bout un éclat que de vulgaires dénigremens de partis ne peuvent obscurcir. Ce n’est pas seulement une fête de l’industrie et des arts destinée à passer, comme toutes les fêtes, avec les feux d’artifice et les illuminations. C’est vraiment une date de notre histoire contemporaine, le premier dédommagement d’un passé douloureux, la manifestation presque imprévue de la puissance renaissante de la France. C’était en réalité une fort grave aventure, et M. le président de la république a eu raison de le dire : « Il ne s’agissait pas seulement pour nous d’encourager les arts et de constater les perfectionnemens apportés à tous les moyens de production ; » il s’agissait de savoir si la France, encore meurtrie de ses revers, n’avait pas trop présumé de ses forces, si elle restait en état de jouer une si étrange partie dans les circonstances les plus contraires. Entreprise à un moment où la situation de l’Europe n’était rien moins qu’encourageante, poursuivie au bruit d’une guerre qui ravageait l’Orient et menaçait d’envahir l’Occident, traversée un instant par une crise intérieure qui pouvait devenir une source de conflits redoutables, cette exposition généreusement téméraire n’est pas moins arrivée à s’organiser à travers tous les obstacles et à s’ouvrir au jour fixé. Elle a conquis des appuis chaleureux et empressés, elle a vaincu les récalcitrans eux-mêmes, qui, après avoir refusé leur concours, ont fini par se rendre à demi en envoyant leurs tableaux. Du premier coup elle a réalisé toutes les espéra nces, elle a égalé, sinon surpassé, les expositions précédentes, et pendant tout un été elle est devenue un objet de curiosité et d’étude, le rendez-vous des nations ; sept ans après une guerre qui a menacé jusqu’à notre existence nationale, elle a fait encore une fois de Paris le centre de l’univers civilisé. Si c’était une ga-