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l’acte de 1847, ces enfans, s’ils ont apparemment moins de quatorze ans, peuvent être traduits devant la juridiction sommaire et condamnés à l’amende, à un emprisonnement n’excédant pas trois mois avec ou sans travail pénal (hard labour), et, s’il s’agit d’un garçon, à la peine du fouet. Les juges de paix ou le magistrat peuvent en outre, s’ils estiment que cela est dans l’intérêt de l’enfant, ne prononcer contre lui aucune condamnation et le mettre en liberté après avoir obtenu caution qu’il se conduira mieux à l’avenir, ou même sans caution.

Bien que cet acte ait introduit dans la procédure suivie contre les jeunes délinquans un progrès considérable, on voit qu’il n’est pas exact de dire que les Anglais aient renoncé à faire usage de la prison pour réprimer les infractions commises par des enfans. Il ne faut pas croire en effet que les dispositions de cet acte restent à l’état de lettre morte. En 1876, mille huit cent quatre-vingt-trois enfans ont été condamnés à l’emprisonnement, et mille soixante-dix-huit à la peine du fouet, qui quelquefois s’ajoute à celle de l’emprisonnement. Je me suis fait montrer, dans une prison anglaise, les verges qui servent à fouetter les enfans; ce sont des verges en bouleau qui n’ont rien de commun avec le fameux chat à neuf queues dont l’application de plus en plus rare constitue pour les adultes un châtiment fort redouté. Mais on voit que les Anglais sont loin dans leur traitement des jeunes délinquans d’avoir renoncé à tout moyen de correction, et qu’ils conservent encore celui-là même dont l’emploi peut soulever le plus d’objections. Ne leur faisons donc pas honneur d’une réforme peut-être impossible, mais qu’ils n’ont pas même essayé de réaliser.

L’acte de 1847 ne touchait qu’à la procédure et ne modifiait point le système pénal. Les mineurs condamnés en vertu de cet acte continuaient à être communément détenus dans les mêmes prisons que les adultes, plus ou moins exactement tenus à l’écart dans des quartiers séparés appelés écoles de prison. Il n’y avait dans toute l’Angleterre qu’une école proprement dite pour les jeunes détenus, celle de Parkhurst dans l’île de Wight, et l’organisation de cette école ne laissait pas que d’être assez vivement critiquée. Ce mode de répression des infractions commises par les jeunes délinquans avait pour conséquence d’incessantes récidives, et les magistrats épuisaient vainement leur pouvoir en les frappant de condamnations répétées à l’emprisonnement ou au fouet, jusqu’à ce qu’ils fussent mûrs pour la transportation. Mais l’inefficacité de cette répression préoccupait vivement l’opinion publique, et en 1852 le parlement ouvrait une de ces vastes et loyales enquêtes qui préparent toujours en Angleterre les grandes réformes. Les commissaires