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II

Jusqu’ici la physiologie n’a abordé que le côté extérieur et matériel de la vie. Suivons-la dans les profondeurs de l’organisme vital où l’analyse microscopique l’a fait pénétrer. Il ne s’agit plus des élémens chimiques communs à toute matière, mais des élémens organiques qui, sous le nom de cellules, composent tous les tissus des êtres vivans. Cette découverte fut une révélation nouvelle de la vie, dont on avait jusqu’alors localisé le principe soit dans un être métaphysique, soit dans un organe vital, soit dans le jeu même des organes divers. Dans ce tissu où l’œil humain n’avait encore rien observé, on ne voulait voir qu’une matière plus ou moins animée par le souffle d’un principe vital quelconque, mais absolument dépourvue d’activité propre. Maintenant on sait que la vie est partout la même, dans ses élémens comme dans ses organes. Partout elle se manifeste avec les caractères qui en font l’essence, avec l’activité, l’individualité, la spontanéité, l’homogénéité, c’est-à-dire la propriété de reproduction du même par le même, de la cellule vivante par la cellule vivante ; on le sait pour l’avoir observée, analysée, saisie dans ses plus imperceptibles formes et ses plus insensibles mouvemens.

Si l’on dégage la théorie de la cellule des hypothèses que certains physiologistes y superposent, et qu’on la ramène aux strictes limites de l’observation, ainsi que l’a fait le grand physiologiste allemand Virchow, voici à quoi elle se réduit. Armée du microscope, l’analyse micrographique est parvenue jusqu’aux parties intégrantes des tissus organiques découverts par Bichat. Ces parties sont les vrais élémens dont l’association constitue l’organe, et par suite l’être vivant. De là le nom d’organites que leur a donné un de nos premiers naturalistes, M. Milne Edwards. Tous les physiologistes micrographes les ont ramenées au type de la cellule, type figuré qu’il faut se représenter, non sous la forme unique et simple d’une vésicule close enveloppant un noyau central, mais sous les formes les plus variées, et même sans forme vraiment saisissable, à l’état de noyau entouré d’un protoplasma, c’est-à-dire d’une matière organique non encore formée. Le corps vivant est donc un prodigieux assemblage de cellules ou organites associés pour une fin commune, et reliés dans une harmonie de fonctions d’autant plus merveilleuses que les parties qui fonctionnent sont en nombre infini, et infiniment petites. Ces cellules, bien qu’elles dépendent de la vie