Page:Revue des Deux Mondes - 1878 - tome 30.djvu/649

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

figurait un cercle. Un trait léger partant du centime s’arrêtait brusquement avant d’atteindre la circonférence et se terminait par un point. Dans la partie vide du papier, une flèche rapidement esquissée avait sa pointe tournée en sens contraire au carré. Dans un angle enfin, on voyait les lettres et les chiffres suivans : U. M. M. D. 149,000, et au-dessous : F. W.

Fernand étudia minutieusement le singulier document que dona Mercedes venait de lui remettre : les chiffres tracés au verso, puis les lignes, enfin le papier lui-même.

— Les chiffres et le plan, dit-il, ne sont pas de la même main. Avez-vous quelque raison de croire qu’il y ait un rapport quelconque entre les deux ?

Dona Mercedes secoua la tête : — Je n’en sais rien, répondit-elle.

— S’il existe, nous le découvrirons plus tard. Mais, reprit-il après un instant de silence, ce plan, car c’en est un, ne nous donne aucune indication et peut s’appliquer à des localités bien différentes. S’agit-il d’Uxmal ?

— Je le crois.

— Soit, admettons cette hypothèse. Tel qu’il est et malgré son apparence de vétusté, ce dessin n’a que quelques années de date.

— A quoi le voyez-vous ?

— A la texture du papier, qui est de fabrication américaine. Vous pouvez y lire dans la pâte les lettres W. M. Il sort des ateliers de Wilmington, qui existent seulement depuis dix ans. Il n’y a pas à s’y tromper. Quant au tracé, il a été fait par une main expérimentée, mais avec une précipitation visible. La ligne de points représente un sentier, chemin ou route, suivi pour arriver à une construction. Laquelle ? Ancienne ou moderne ? J’inclinerais vers la première supposition. Examinez les lignes doubles et parallèles qui forment ce carré long, elles représentent une clôture, fossé ou muraille, d’une largeur ou d’une épaisseur partout égale et inusitée dans les maisons de nos jours. Ces autres lignes plus petites, perpendiculaires aux premières, doubles, très rapprochées et en petit nombre proportionnellement à la longueur des façades, désignent des ouvertures, portes ou fenêtres. Dans une habitation moderne elles seraient en plus grand nombre et plus larges. Dans ce carré long, remarquez cet autre ; c’est une enceinte intérieure, cour ou bâtiment détaché. Au milieu enfin, ce cercle qui occupe le centre même du plan représente une tour, un bassin, quelque chose de concentrique. Que signifie ce trait léger qui se détache du centre et se termine abruptement par un point ? Je ne sais. La flèche que vous apercevez indique le nord. Cet édifice s’étend donc du nord