Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1879 - tome 31.djvu/648

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Malet s’était naturellement attribué le principal rôle dans l’affaire. Il devait, aux termes du sénatus-consulte, remplacer le général Hullin dans le commandement des troupes de Paris et de la première division militaire. Il prit pour chef et sous-chef d’état-major le général de division Desnoyers et le colonel Doucet, promu pour la circonstance au grade de général de brigade. Il croyait pouvoir tout particulièrement compter sur ce dernier, vieux soldat qui avait fait toutes les guerres de la révolution et qui en professait les principes. Ces choix arrêtés, il établit son quartier général à l’Hôtel de Ville, où devait se réunir le gouvernement provisoire. Le colonel Soulier, chef de la 10e cohorte, était appelé au commandement des troupes réunies pour la garde de l’Hôtel de Ville, le général Guidal à celui des troupes rassemblées au Luxembourg pour la garde du sénat. Le général Lecomte avait été nominativement désigné dans le sénatus-consulte pour le commandement d’une armée de cinquante mille hommes qui devait être concentrée sous les murs de Paris. Le général Lahorie lui fut adjoint comme chef d’état-major, avec la mission de s’emparer préalablement de la personne du ministre de la police générale et du ministère.

Ce n’est pas tout, Malet écrivit au commandant de la 10e cohorte afin de lui annoncer que le général Lamotte avait reçu l’ordre de se rendre auprès de lui pour donner aux troupes lecture d’un sénatus-consulte proclamant la déchéance du gouvernement impérial. Enfin des lettres analogues étaient adressées au colonel Rabbe du 1er régiment de la garde de Paris, au colonel du 32e de ligne et au général Deriot, chef de l’état-major et commandant les dépôts de la garde nationale. Ce dernier, qu’on voulait sans doute éloigner, devait occuper d’urgence Sèvres, Ville-d’Avray, Courbevoie et Saint-Cloud. L’ordre était fort habilement motivé sur la nécessité de pourvoir à la sécurité de l’impératrice. « C’est, disait-il, envers la nation entière que nous sommes devenus responsables des jours de Marie-Louise, tant pour l’honneur national que pour la garantie qu’elle nous assure, pendant qu’elle sera en notre pouvoir, de la conduite de l’empereur d’Autriche envers la France. Dès que vous aurez pris vos dispositions, vous ferez bien de vous rendre à Saint-Cloud pour rassurer cette princesse sur sa situation, en attendant que le gouvernement le fasse d’une façon diplomatique. » Le général Deriot était en outre invité à faire lire à ses troupes le sénatus-consulte et la proclamation du général commandant la place de Paris.

Toutes choses étant ainsi réglées, les pièces copiées, les paquets préparés et mis en ordre, les lettres de service dûment cachetées et scellées, Malet attendit tranquillement la date qu’il s’était fixée. Dans tout ce travail préparatoire, il n’avait eu que deux