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Page:Revue des Deux Mondes - 1879 - tome 31.djvu/926

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sentimens du parti protectionniste qui est demeuré influent dans plusieurs régions de l’Allemagne et qui se trouve fortement représenté dans les assemblées politiques ; mais l’on ne doit pas perdre de vue qu’il s’agit de réviser des taxes relativement très modérées ou de créer des taxes nouvelles qui seraient en moyenne de 5 pour 100. Par conséquent, s’il est regrettable de voir en Allemagne comme en Italie l’avidité besoigneuse du fisc pénétrer dans les tarifs, il n’est pas exact de prétendre que ces deux pays répudient les principes libéraux en matière d’échange et que la France doit à leur exemple se replacer sous l’égide de la protection douanière.

Ce qui résulte le plus clairement de ces symptômes, c’est que les nations qui occupent les premiers rangs dans l’industrie sont très intéressées à tenir dans les liens des traités de commerce les tarifs étrangers et à négocier des conventions qui les garantissent contre les surtaxes fiscales ou autres dont elles sont menacées. La France est au nombre de ces nations qui ont besoin d’écouler au dehors l’excédant de leurs produits. Quel préjudice pour l’agriculture de nos régions de l’ouest, si le marché anglais leur était moins libéralement ouvert ! Quel désastre pour notre industrie en général, et spécialement pour l’industrie parisienne, si les pays qui nous entourent venaient à la frapper de surtaxes ! La France aurait beaucoup à perdre à un changement de régime qui, supprimant les garanties des traités, apporterait dans le mouvement de ses échanges une profonde perturbation.

Après avoir donné en 1860 le signal de la réforme économique, convient-il à notre pays de déserter la cause libérale, de désavouer les progrès accomplis et de reculer vers l’ancien régime ? Devons-nous, après tant de luttes, aider à la restauration des monopoles et des privilèges ? Quelle contradiction ! La réforme nous a rendus plus riches et plus prospères, elle nous a dotés d’un commencement de liberté, elle a favorisé le travail, elle est destinée à seconder la politique de paix et de rapprochement entre les peuples. Et l’on songe à lui faire rebrousser chemin ! On ose demander aux législateurs d’une démocratie de renier leurs principes et de sacrifier à des intérêts passagers et secondaires un intérêt supérieur et permanent ! La prétention est insoutenable. On ne devrait désormais toucher aux droits de douane que pour les abaisser, modifier le régime des échanges que pour l’étendre.

Sans doute, il est à regretter que la révision du tarif coïncide avec une crise presque universelle, qui fournit aux adversaires de la liberté des échanges un argument de circonstance pour exiger ce qu’ils appellent la protection. Le débat se trouve ainsi détourné de son véritable objet. Cependant l’enquête du sénat, en faisant