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LE SURNATUREL
DANS
LE MONDE VEGETAL

Toutes les divinités adorées par les nations n’ont pas plané sur l’humanité des hauteurs de l’Olympe ; tous les démons redoutés de la foule ne sont pas sortis des gouffres infernaux. Il existe des dieux et des démons dont la personnalité est moins accentuée, dont le caractère est plus humble ; qui n’ont pas de place dans les généalogies du ciel et de l’enfer, mais qui n’en sont que mieux identifiés à la vie intime du genre humain. Comme les classes inférieures, protégées contre les changemens par leur obscurité, qui restent à peu près, les mêmes sous tous les régimes, ils ont échappé par la modestie même de leur condition aux révolutions qui ont précipité de leurs autels rayonnans des dieux bien plus illustres. En faisant aux circonstances les concessions qu’ils ne pouvaient refuser, ils ont jusqu’à nos jours conservé un culte et des fidèles, bravant l’esprit critique qui, depuis la renaissance, a grandi de siècle en siècle. S’ils n’ont pas jusqu’à ce temps trouvé de véritables historiens, il faut l’attribuer au tardif développement des études mythologiques. On s’est contenté longtemps de notices plus ou moins vagues sur certaines herbes merveilleuses. C’est dans des ouvrages allemands publiés dans les vingt dernières années, tels que ceux de MM. Schwartz, Kuhn et Mannhardt, qu’on trouve les premières études véritablement scientifiques sur la plante considérée dans ses rapports avec la mythologie. Les savans appartenant aux pays novo-latins comprennent de plus en plus l’importance et l’intérêt de ces