pas seulement dans les légendes helléniques, on en peut citer des exemples chez les Slaves du sud. Un chant bulgare recueilli par M. Dozon fait dire à un amant : « Moi je deviendrai un vert érable, toi, près de moi, un vert sapin ; et les bûcherons viendront, les bûcherons avec des haches arrondies, ils abattront le vert érable, puis le mince sapin, ils en tailleront de blanches planches, ils feront de nous des lits, ils nous placeront l’un auprès de l’autre, et ainsi, ma mie, nous serons toujours ensemble. » Dans les pesmas serbes de Vouk on retrouve la même idée : « Du corps d’Orner germe un vert sapin ; de Merima, une verte sapinette ; la sapinette s’enroula autour du sapin, comme de la soie autour d’un bouquet de basilic. » Dans un conte toscan, publié par M. de Gubernatis, le jeune homme tué se transforme en cornouiller, dont une branche, devenue flûte, révèle en chantant sa mort tragique.
Nous serions trop heureux si nous n’avions à redouter en ce bas monde que les violences des meurtriers ; mais l’homme est entouré de forces et d’intérêts hostiles contre lesquels il doit lutter sans cesse. Pour triompher, n’oubliez jamais que « dans l’herbe est toute la force du monde[1]. » Un sortilège expose-t-il votre enfant à perdre la vie ? Si un envieux est la cause du mal, vous guérirez certainement le malade en frottant son corps avec une infusion de l’erba invidia, La calomnie s’avise-t-elle de troubler les noces ? On vous indiquera dans la Petite-Russie une plante, nommée prikrit, qui en paralyse l’effet[2]. L’Inde védique connaît des herbes qui mettent à l’abri du tonnerre aussi bien que, chez les Allemands, le dormerkravt et le donnerrehe. Le livre de Sidrach décrit une plante qui rend invulnérable, et un voyageur dans l’Inde, Niccolô di Gonti, sait qu’elle se trouve dans l’île de Java. Le curieux Livre de Sidrach n’ignore pas non plus que celui qui porte dans la bouche une petite herbe (erba piccola di mezzo dito) peut aller au milieu de la foule sans que personne l’aper-r çoive. Le père Martini, missionnaire du XVIIe siècle, indique dans son Atlas sinicus cité par Kircher, deux plantes qui, selon les Chinois, ont la propriété de rendre la jeunesse. La plante préserve les biens comme les personnes. Apulée[3] recommande une herbe qui garantit des voleurs. Açvalâyana nous apprend que, lorsqu’on construisait une maison, pour la protéger contre l’incendie, on avait soin de placer une avakâ dans les fondations. Le commentateur Nârâyana ajoute qu’on y doit mettre aussi l’herbe sacrée kuça, dont