contrat dont le renouvellement amena la convocation périodique d’assemblées générales du clergé. Les concessions de l’assemblée de Melun ne tirèrent cependant pas la couronne de la fâcheuse situation financière dans laquelle elle se débattait, et quelques années s’étaient à peine écoulées que Henri III s’adressait encore au clergé. Malgré les promesses qu’il lui avait faites, il en réclamait, dès le printemps de 1580, deux décimes extraordinaires, à cause, disait-il, des sept camps qu’il lui fallait entretenir pour ranger les huguenots, et, remarque Pierre de l’Estoile, qui relate ces paroles, il leur aurait fait belle peur, s’il en avait eu seulement un bon. L’agitation et le désordre croissaient tous les jours dans le royaume au préjudice du trésor royal, dont la pénurie avait sa première cause dans la mauvaise administration et de folles prodigalités. La guerre contre les protestans obligeait à des dépenses énormes, et les ressources du pays étaient presque totalement épuisées. L’assassinat d’Henri III et les entreprises de la ligue contre Henri IV mirent le comble à la détresse financière. Chaque parti belligérant levait des impôts et s’appropriait à son tour les décimes dont le clergé avait antérieurement consenti la levée.
Sans cesse les bénéficiers se voyaient contraints de payer deux fois, alternativement rançonnés par les ligueurs et les huguenots, qui se succédaient dans le canton où étaient situés les bénéfices : heureux encore quand tout ne leur était pas enlevé ; les pillards ravageaient tout, églises, champs, habitations personnelles. Nombre d’ecclésiastiques se trouvaient conséquemment hors d’état d’acquitter leur part d’impôt. Ajoutez que ce qui rentrait des décimes dans les coffres du roi était presque toujours détourné de sa destination, et que les rentiers attendaient vainement leur quartier. Une assemblée régulière du clergé s’était tenue en 1586, alors qu’Henri III subissait la domination des Guises, auxquels l’avait livré le traité de Nemours ; il n’était pas alors en situation d’obtenir beaucoup du clergé. La guerre civile empêcha la réunion de toute assemblée générale tant qu’Henri IV ne se fut pas rendu maître de Paris. Une fois reçu dans sa capitale, l’un de ses premiers soins fut de porter remède à la détresse du trésor. Il était urgent d’aviser aux moyens d’en combler l’énorme déficit Pour y arriver, il importait de relever le crédit public, d’assurer le service régulier des rentes de l’Hôtel de Ville et la solde de l’arriéré dû aux rentiers. Le mécontentement était général chez ceux-ci, et il se manifestait de tous côtés. On devança donc l’expiration du terme de dix ans qui devait amener la réunion d’une assemblée générale et, dès le mois de mars 1595, le roi en convoquait une pour cette année même. Elle devait dresser l’état exact des sommes perçues dans la levée des décimes, de celles qui restaient à recouvrer et ouïr les