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commission pour examiner préalablement le point de droit. Cette commission fut autorisée à prendre l’avis des théologiens le plus en renom tant réguliers que séculiers. Richelieu ne manqua pas d’agir, et l’évêque de Montpellier, qui lui était tout dévoué, fut chargé du rapport. Invoquant les opinions d’un grand nombre de docteurs, il conclut à l’invalidité des mariages des princes du sang contractés dans les termes mentionnés plus haut et déposa sur le bureau de l’assemblée les nombreuses consultations auxquelles il se référait[1]. On alla aux voix et, à l’unanimité, la réunion déclara que les coutumes des états peuvent faire que les mariages soient nuls et non valablement contractés, quand elles sont raisonnables, anciennes, affermies par une prescription légitime et autorisées de l’église. Sans doute que la commission avait eu soin de ne point s’adresser à des théologiens soupçonnés de penser comme l’université de Louvain. Montchal, dans son Journal, assure que Richelieu dut user de bien des artifices et même de violences pour amener l’assemblée à une telle décision. Quoi qu’il en soit, Louis XIII tira en cette circonstance du clergé ce qu’il voulait ; mais, le point de droit décidé, restait une grosse difficulté. Il fallait obtenir du pape la confirmation de ce que les représentans du clergé français avaient déclaré. Ceux-ci étaient d’avis que l’on envoyât l’archevêque de Toulouse pour solliciter le saint-père. Richelieu entendait avoir un ambassadeur plus à sa dévotion, et, sans tenir compte de la désignation des députés, il expédia à Rome l’évêque de Montpellier. Le pape ne jugea pas comme l’assemblée ; il se refusa à prononcer la nullité du mariage. Vif fut le déplaisir du ministre ; mais dans son orgueil blessé il ne voulut pas convenir qu’il était été battu ; il prétendit n’avoir point eu le désir de faire casser le mariage et soutint qu’il avait dépêché l’évêque de Montpellier pour donner au saint-siège connaissance de ce qui s’était passé sans songer le moins du monde à peser sur la détermination du souverain pontife.


III

Les concessions faites en 1635 par le clergé aux demandes du roi ne le mirent pas pour longtemps à l’abri des demandes d’argent, et ce ne fut pas seulement de la fréquence des appels à sa bourse qu’il eut à se plaindre, ce fut aussi de la rigueur apportée dans l’application des mesures fiscales. Toutes les doléances qu’il avait fait entendre par le passé demeuraient à peu près lettre morte. Les bénéficiers avaient à acquitter les tailles, à payer pour

  1. Ces curieuses consultations ont été conservées en original dans les procès-ver-abux de l’assemblée.