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clergé, et que je vous réponds que l’enseignement du clergé ne se donnera que dans les petits séminaires, pas ailleurs, vous répliquez : « Les jésuites rentreront. » Eh bien, je vous demande au nom: de vos principes comment vous ferez pour empêcher que les jésuites entrent dans l’enseignement? Comment ferez-vous?.. On me dit, je m’y attendais bien, que nous aurons à examiner ce point lors de la loi sur les associations. C’est vrai : quand on fera la loi sur les associations, on devra traiter des associations laïques et des associations religieuses, et voilà pourquoi nous n’en avons pas parlé, et il ne faut pas dire que par un silence perfide nous avons cherché à introduire les jésuites en France. Soit, c’est une question d’association religieuse que vous réserverez pour le moment où vous discuterez la loi sur les associations.

«Seulement je me permettrai de vous dire que je vous y attends pour savoir comment vous vous y prendrez pour interdire les jésuites, vous, vous !!l »

Ce « vous » répété serait bien naïf aujourd’hui. En 1850, s’adressant à des républicains de principe, il dut être d’un grand effet. Mais ce fut dans la discussion des articles que se marqua le plus nettement la volonté du législateur et que l’intervention personnelle de M. Thiers se produisit avec le plus d’éclat. Battue en première lecture, l’opposition s’était réservé de se compter sur un amendement à l’article 65 du projet relatif aux conditions d’ouverture des écoles libres d’enseignement secondaire. Cet amendement, qui fut discuté dans la séance du 23 février 1850, disposait en substance : 1° que les membres des congrégations non reconnues ne pourraient tenir d’écoles publiques ou libres, primaires ou secondaires, laïques ou ecclésiastiques, ni même y être employés ; 2° qu’aucune congrégation ne pourrait s’établir que dans les formes et sous les conditions déterminées par une loi et sans avoir au préalable fait vérifier ses statuts par le conseil d’état. C’était tout le système de la loi remis en question. Une discussion solennelle s’engagea sur cet amendement. Soutenu par son auteur M. Bourzat, il fut combattu par Mgr Parisis au nom du clergé catholique, et par M. Thiers au nom de la commission. Dans son discours, M gr Parisis s’était contenté de déclarer que le clergé séculier ne consentirait jamais à « livrer le clergé régulier de tout ordre comme la rançon des avantages que la loi pouvait lui promettre. » A son tour, élargissant le débat, le replaçant sur son véritable terrain, celui de la constitution de 1848, M. Thiers intervint avec une extrême vivacité.

... « En fait d’association, messieurs, que disait-on sous le dernier régime? Le droit d’association n’appartient pas aux citoyens ; l’état seul peut permettre de s’associer; on avait tort ou on avait raison : tel était le régime. En fait de droit d’enseigner on disait : « N’enseignera