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LE
SALON DE 1879

II.[1]
LA PEINTURE. — RÉSUMÉ


III.

Les arts du relief, qui représentent la réalité sensible, sont des arts dépendans. Certaines lois de construction les régissent ; les nécessités de l’équilibre les condamnent à exprimer de préférence les idées de repos ; le dessin leur impose la détermination la plus absolue. La peinture, qui rend les apparences dont nos yeux sont frappés, embrasse un champ plus vaste ; elle est plus libre. Son domaine est la nature entière. Elle peut lui emprunter des sujets infiniment variés, aller des plus chétifs aux plus relevés ; elle peut s’affranchir de la réalité et entrer librement dans le monde de l’imagination. L’idéal sculptural, de si haut qu’il vienne, doit poser sur la terre. La peinture peut se passer de la terre : elle a son vol, l’espace lui appartient. Pour s’y déployer, elle dispose de deux agens admirables qui sont des puissances : elle a la lumière et l’expression. La lumière, qui donne l’idée des formes et de l’étendue, pour produire l’illusion ; l’expression, qui fixe les impressions de l’âme les. plus profondes ou les plus fugitives, pour exciter la

  1. Voyez la Revue au 15 juin.