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lequel la cristallisation s’est opérée. Quand un minéral renferme des inclusions vitreuses, on peut être certain qu’il a cristallisé dans un magma fondu. Au moment où il se formait, il a englobé quelques parcelles du magma incandescent dont il tire son origine ; après consolidation et refroidissement, il se trouve, par suite, contenir des matières microscopiques identiques de composition avec le milieu qui l’a produit. Chacune de ces inclusions est ordinairement associée à une très petite bulle de gaz qui s’est trouvée emprisonnée en même temps, et dont on constate la fixité absolue dans les conditions ordinaires de température ; pour lui rendre quelque mobilité, il faudrait ramollir de nouveau la matière vitreuse dont elle est accompagnée.

La découverte de ces sortes d’inclusions a clos immédiatement les discussions qui, depuis bientôt un siècle, divisaient les géologues sur le mode de formation d’un grand nombre de roches. Tous les massifs pierreux composés d’élémens cristallins à inclusions exclusivement vitreuses sont maintenant considérés comme ayant été engendrés par voie ignée. C’est ainsi que la liste des roches volcaniques se trouve aujourd’hui considérablement accrue.

Les inclusions liquides ne sont pas moins fréquentes, ni moins caractéristiques. Comme les précédentes, elles possèdent généralement dans leur intérieur une petite bulle de gaz ; mais cette bulle est mobile. Tantôt elle semble s’agiter spontanément, tantôt elle ne se déplace que sous l’influence d’une élévation de température.

On a pu déterminer la nature du liquide contenu dans les inclusions des minéraux ; généralement ce liquide est de l’eau pure ou salée, quelquefois tellement saturée qu’on y voit flotter des petits cristaux cubiques de sel marin. D’autres fois, le liquide présente une apparence huileuse, la moindre élévation de température lui fait éprouver une dilatation notable et la chaleur de la main suffit pour le réduire totalement à l’état de vapeur dans le minime espace qu’il occupe. Si l’on ramène la préparation à la température ordinaire, on voit bientôt le liquide reparaître et se contracter rapidement jusqu’à ce qu’il ait repris son apparence primitive. Cette transformation en vapeur et cette condensation alternative peuvent être indéfiniment reproduites. Des recherches nombreuses ont été entreprises pour déterminer la nature du liquide si dilatable et si volatil de certaines inclusions. D’après les études de Brewster, il semble que la composition de ce liquide soit variable ; cependant, en faisant éclater des inclusions de cette espèce dans un tube lumineux de Geissler et observant au spectroscope les raies de la lumière produite, Vogelsang a pu démontrer que dans la plupart des cas ce n’était autre chose que de l’acide carbonique liquéfié sous une énorme pression.