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Les données que fournit l’examen optique suffisent en général, à elles seules, pour permettre de déterminer sûrement les minéraux que l’on aperçoit au microscope dans une lamelle mince. Cependant des moyens de contrôle fondés sur l’emploi d’autres procédés étaient, au moins au début, indispensables pour fournir des élémens de certitude. Ces moyens ont été empruntés aux études chimiques, et aujourd’hui, ce qui donne une confiance complète dans l’observation microscopique, c’est que précisément, à bien des reprises, on a vérifié la liaison intime qui existe entre les caractères physiques d’un minéral et sa composition chimique élémentaire.

Cette connexion une fois établie, l’emploi des réactions chimiques n’a pas cessé pour cela d’être utile. En effet, il existe des cas assez nombreux où les formes cristallines des échantillons observés sont entièrement effacées : souvent certains minéraux se présentent sous forme de plages irrégulières moulées sur les contours des espèces auxquelles ils sont associés ; alors l’observation cristallographique devient impossible, l’examen optique perd toute sa précision ; le microscope ne permet plus d’apprécier nettement que quelques caractères de structure souvent insuffisans pour autoriser une détermination minéralogique. Dans de tels cas, les informations que procure la chimie acquièrent une valeur toute particulière. Elles sont encore rigoureusement indispensables, quand il s’agit de distinguer les uns des autres certains minéraux voisins par leurs formes cristallines et très rapprochés sous le rapport des propriétés optiques. C’est ce qui a lieu, par exemple, pour les minéraux de la famille des feldspaths. Ces composés, très fréquens dans les roches, se ressemblent beaucoup par la plupart de leurs propriétés physiques ; ils sont également blancs ou incolores, leurs formes sont presque identiques, leur structure est la même et leurs propriétés optiques sont peu différentes. Quand ils sont en cristaux allongés dans une direction unique par rapport aux arêtes qui limitent leurs formes, il est assez facile de les distinguer les uns des autres au microscope ; mais quand ils sont également développés dans tous les sens, les caractères optiques employés comme moyens distinctifs deviennent d’une application pénible et parfois incertaine. Des essais chimiques sont alors nécessaires pour résoudre le problème de leur détermination.

Quelques-uns de ces essais peuvent être opérés sur les cristaux engagés dans une lamelle mince ; on peut, par exemple, dans ces conditions éprouver l’action des acides. Un certain nombre de minéraux résistent entièrement à l’action de ces agens et ne manifestent aucune altération, quelque prolongée que soit l’opération ; d’autres, au contraire, se trouvent décomposés et quelquefois même dissous. Plusieurs, bien que fortement modifiés, conservent