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Page:Revue des Deux Mondes - 1879 - tome 34.djvu/487

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LE GLOBE
DE
LA RESTAURATION

Beaucoup d’écrivains ont une réputation supérieure à leur mérite : quelques-uns ont eu un mérite supérieur à leur réputation. De ce nombre était Dubois, le fondateur du Globe sous la restauration, le directeur de l’École normale de 1840 à 1852. Il est impossible de l’avoir connu et approché sans se souvenir de lui comme d’un esprit supérieur, d’une nature originale et puissante. Petit, ramassé, vigoureux, d’un masque étrange et un peu sauvage, il étonnait d’abord et captivait ensuite par le feu brûlant d’une âme éternellement jeune, pleine d’enthousiasme et de sens, dont la droiture et la générosité guidaient tous les mouvemens. Il était Breton, comme tant d’hommes célèbres qui ont eu une si grande influence sur la pensée de notre siècle, surtout dans l’ordre religieux : Chateaubriand, Lamennais, Renan. Ce qui caractérise ces divers esprits, c’est la passion de la question religieuse et une manière sérieuse et poétique de la traiter. Dubois avait quelque chose du même esprit, non du côté de la poésie, car c’était une nature un peu âpre, mais par le mélange remarquable de l’indépendance absolue de l’esprit, avec un vif sentiment d’amour et de sympathie pour la vieille foi. L’hostilité fanatique ou la sécheresse froide de nos jours lui eussent été odieuses : il aimait ce qu’il combattait ; et, comme il arrive dans l’amour, c’était encore par amour qu’il