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dérable de cardinaux et de hauts dignitaires ecclésiastiques qui avaient rempli la charge de chancelier et été au grand profit de l’état associés au maniement des alTaiies, il s’attacha à montrer la différence qui sépare le serment prêté par les ecclésiastiques au saintpère de celui que les sujets doivent au roi, et il termina en demandant qu’aucune décision ne fût prise sur la matière par le roi avant d’avoir consulté le clergé.

La reine, suivant ce que rapporta l’archevêque d’Embrun à ses collègues, avait reparti que la compagnie pouvait se tenir assurée qu’elle maintiendrait tous les droits et les privilèges du clergé. La démarche faite par l’assemblée en provoqua une nouvelle de la part du parlement, et depuis la fin de février jusqu’à la fin du mois suivant, Anne d’Autriche se vit tirée des deux côtés, le parlement insistant pour obtenir la déclaration touchant l’exclusion des cardinaux, l’assemblée protestant contre une telle mesure. La mauvaise intelligence commençait à se mettre entre les députés et les parlementaires. Dans l’une des réunions du parlement, le discours de rarchevêc[ue d’Embrun avait été attaqué avec aigreur et la personne du prélat assez maltraitée. La chose fut rapportée à l’assemblée, qui prit fait et cause pour son président, estimant qu’une injure faite à sa personne atteignait la compagnie tout entière ; mais les plus modérés engagèrent la compagnie à mépriser ces attaques. On se borna à solliciter une nouvelle audience de la reine afin d’en obtenir des assurances plus formelles. Anne d’Autriche était toujours dans le même embarras, et sa réponse à cette seconde députation ne fut guère plus explicite que celle qu’elle avait faite à la première. Les têtes s’échauflaient dans les deux camps, et les députés du clergé, comprenant que la contestation prenait une portée plus haute, qu’il s’agissait pour eux de soutenir les privilèges de l’église contre la magistrature qui voulait exclure les prélats du gouvernement temporel, y apportèrent autant d’ardeur que d’obstination. L’assemblée ne pressait pas moins le duc d’Orléans d’agir que la reine ; elle attendait, disait-elle, tout de la piété et de la justice de cette princesse, a L’exclusion des cardinaux était à ses yeux un outrage fâcheux au clergé de France et une flétrissure honteuse au saint-siège, des intérêts duquel les députés ne voulaient, ne devaient jamais se séparer. » En louant l’archevêque d’Embrun d’avoir été le fidèle interprète des sentimens de la compagnie, on déclarait qu’on était tout prêt à souffrir pour une si juste cause et à mettre tous ses ressentimens au pied de la croix. Les députés perçaient facilement les vrais sentimens d’Anne d’Autriche et cherchaient à arracher d’elle des assurances plus positives qu’elle n’osait les donner. Les magistrats n’agissaient pas avec moins de vigueur pour combattre les efforts du clergé. Le 13 mars le parlement obtenait une audience de la reine dans laquelle il la près-