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comité central, de la commune, du comité de salut public; je ne sais rien de la délégation à la guerre ; les instructions secrètes remises aux délégués qui furent envoyés vers la province pour la soulever me sont mal connues; les relations mystérieuses qui ont existé directement entre plusieurs personnages de la commune et M. Thiers restent pour moi dans une demi-obscurité un peu confuse; les opérations militaires de la fédération m’échappent, peut-être à cause de leur incohérence même; j’ignore ce qui s’est passé au ministère de l’intérieur, au ministère des finances, au ministère des travaux publics, où l’on besogna beaucoup; sur l’octroi, sur l’assistance publique, sur les hôpitaux, qui alors furent si intéressans, sur les difficultés du ravitaillement, qui parfois furent considérables, sur certains incendies, je n’ai que des notes incomplètes, curieuses à plus d’un titre, mais sans valeur déterminante pour l’histoire. La destruction de l’Hôtel de Ville, celle de la préfecture de police, celle du Palais de Justice, ont anéanti une prodigieuse quantité de documens, car la commune fut très écrivassière. Les endroits où trônait le gouvernement de la commune, où se vautraient les délégués à la sûreté générale, où gîtait Raoul Rigault avec ses substituts, étaient à étudier en détail et à décrire par le menu ; c’était là une tâche bien tentante, mais à laquelle il a fallu renoncer, la preuve matérielle manque, le feu a tout détruit; quant aux témoins qui jadis furent si bavards, ils sont devenus muets aujourd’hui, et la plupart ont trouvé prudent d’avoir perdu la mémoire. Dans trop de cas, j’en aurais été réduit à procéder par induction, méthode toujours faillible et souvent périlleuse. J’ai donc résolument écarté de mon récit une masse de faits qu’il ne m’a pas été donné d’approfondir dans des conditions de sécurité satisfaisante. La plupart de ces faits seront probablement connus plus tard et permettront d’écrire une véritable histoire de la commune, œuvre émouvante et de haute portée que j’ai dû renoncer à entreprendre, car il ne m’eût pas été possible de la mener à bonne fin.

Le grand dépôt des documens inédits pour servir à l’histoire de la commune n’est point ouvert; j’ai vainement frappé à sa porte qui, je crois, restera longtemps fermée. Je parle des greffes des conseils de guerre ; il y a là environ cinquante mille dossiers qui ne sont encore que des instrumens judiciaires, mais qui forcément deviendront un jour des documens historiques d’une incomparable valeur; tout est là: rapports, dépositions, enquêtes, correspondances, pièces holographes; c’est une mine inépuisable; on n’aura qu’à y fouiller pour en faire sortir la vérité sur chaque événement, sur les moindres détails de cette détestable époque. Là aussi on trouvera toutes les pièces officielles que les généraux de la commune