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poids total, et à calculer, à l’aide de ces élémens, la valeur théorique de l’attraction qu’elle devait exercer sur le fil à plomb aux deux stations. C’est le géologue Hutton qui se chargea de cette besogne : elle prit trois années. Le résultat de ses calculs fut que la déviation observée s’expliquait en supposant que la densité moyenne de la montagne était à celle de la terre comme 5 est à 9. Hutton adopta d’abord pour la densité du Shéhallien le nombre 2,5 (c’est à peu près la densité du grès quartzeux); dès lors la densité moyenne du globe était 4,5. Plus tard, il modifia ces chiffres en prenant 3,0 pour la densité de la montagne et 5,4 pour celle de la terre. L’étude géologique de cette montagne, entreprise dans la suite par Playfair et lord Webb Seymour, a donné pour la densité des roches qui la composent un chiffre intermédiaire entre ces deux évaluations, par lequel la densité de la terre devient 4,7.

On n’a pas songé à compléter ces expériences par l’observation du pendule; il est vrai que la faible élévation du Shéhallien (1,000 mètres) ne promettait pas un effet très marqué. Une observation de ce genre a été faite par l’astronome Carlini, en 1821, au sommet du Mont-Cenis ; elle a donné pour la densité du globe un nombre voisin de celui de Maskelyne.

En 1854, M. Airy a exécuté une expérience analogue au fond de la mine de houille de Harton; à une profondeur de 1,220 pieds, il fut constaté que le pendule à secondes avançait de 2 secondes ¼ par jour. On en conclut que la densité moyenne du globe est à celle de la surface dans le rapport de 2,63 à 1, et, en prenant la densité de la surface égale à 2,3, celle du globe devient 6,1.

M. Saigey a essayé d’obtenir la densité du globe par la déviation du fil à plomb due à tout un continent, en calculant la déviation théorique de la verticale pour Evaux, point central de la France et l’une des stations de la méridienne de Paris. D’après les calculs de Puissant, il existe entre la latitude astronomique et la latitude géodésique d’Evaux une différence de près de 7 secondes, qui semble indiquer que l’attraction de la portion méridionale de la France, qui est située au sud du parallèle d’Evaux, l’emporte sur l’attraction de la portion septentrionale. Or on peut, en s’aidant d’une bonne carte orographique, calculer les hauteurs moyennes du sol tout autour d’Evaux jusqu’aux Pyrénées, aux Alpes et aux mers adjacentes, puis, avec ces hauteurs moyennes, calculer la résultante de toutes les attractions partielles qui sollicitent le fil à plomb à Evaux. M. Saigey a trouvé que, pour rendre compte de l’écart constaté par Puissant (qui suppose que l’attraction du globe est environ trente mille fois plus grande que celle de toute la France sur Evaux), il faut que la densité moyenne de la terre soit à celle du sol de la France comme 1,7 est à l’unité. En prenant 2,5