cœur le choc de la réforme, ont su trouver, pour parler de la raison révoltée et de la négation systématique, des accens et des images dont n’approche aucune terzine sur les hérésiarques ou ceux qui ont semé la discorde parmi les croyans.
J’ouvre au hasard Milton, je prends les premiers vers venus, ces paroles que profère Satan dès les premières strophes :
And thou, profoundest Hell,
Receive thy new possessor; one who brings
A mind not to be changed by place or time.
The mind is its own place, and in itself
Can make a Heav’n of Hell, a Hell of Heav’n.
What matter where, if I be still the same,
And what I should be, all[1]...
Cet esprit, que ne peuvent changer ni les lieux, ni le temps, qui
est à soi-même sa propre demeure et qui peut faire en soi un ciel
de l’enfer et un enfer du ciel; qui s’inquiète peu où il sera, pourvu
qu’il soit toujours le même et ce qu’il doit être : tout; — c’est
déjà presque l’esprit de l’identité tel que nous l’enseignera la philosophie de Hegel, c’est déjà la négation dans toute sa profondeur
spéculative, — et je défie de trouver une note semblable dans toute
la Divine Comédie !..
Arrêtons-nous encore un instant dans cette région curieuse de l’enfer où Dante a réuni tous ceux qui ont péché par la raison et provoqué des sectes et des schismes. Assurément elle est belle et grande cette image, dans notre poème, où les sectaires « et ceux qui ont chargé leur conscience en excitant la discorde, » se déchirent après la mort de leurs propres mains, et se fendent le corps « depuis le menton jusque sous le ventre; » elle est ingénieuse encore cette autre pensée du poète, qui fait se consumer dans la flamme même qu’ils avaient reçue du ciel ces esprits coupables qui s’en sont servis pour faire le mal :
<poem>……….. Dentro da’ fuochi son gli spiriti ; Ciascun si fascia di quel ch’ egli è inceso[2].
Mais si nous entrons dans le cercle et si nous contemplons de plus
près les damnés, nous sommes bien surpris de voir à quelles proportions chétives et peu métaphysiques est réduit ici ce mot de « la
raison abusant de ses facultés, » ce mot qui pour nous porte tout un
monde, tout un chaos dans ses flancs I Car ces âmes consumées par
la flamme même qui devait les éclairer, ce ne sont pas de grands